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Nkono Teles. Ce nom ne dit peut-รชtre rien au grand public camerounais, et pourtant, ร lโรฉtranger, son ลuvre est saluรฉe, recherchรฉe, samplรฉe โ jusquโau rappeur amรฉricain Tyler qui sโen est rรฉcemment inspirรฉ. Les plus grands labels internationaux se disputent aujourdโhui les droits de ses productions, signe de son gรฉnie intemporel.

Et pourtantโฆ quel paradoxe cruel ! De son vivant, ce monument de la musique camerounaise nโa jamais รฉtรฉ cรฉlรฉbrรฉ ร la hauteur de son talent. Nkono Teles, cโรฉtait un musicien dโexception, un vรฉritable homme-orchestre capable de jouer de tous les instruments, ร lโaise dans une variรฉtรฉ de styles : afrobeat, highlife, boogie, disco, funk, makossaโฆ
Dรจs le lycรฉe, dans sa ville natale de Bafia, son don musical fascine. On raconte que lors des cรฉrรฉmonies officielles, mรชme lโorchestre de la police suspendait sa prestation pour รฉcouter ce jeune prodige au piano ou ร la guitare. Une lรฉgende รฉtait nรฉe.
Musicien, producteur, arrangeur, Nkono Teles a faรงonnรฉ le son de plusieurs gรฉants africains : Fela Kuti, Sonny Okosun, Papa Wembaโฆ Il fut lโun des producteurs les plus influents du Nigeria dans les annรฉes 80, et un pionnier de la musique รฉlectronique sur le continent. On lui attribue un rรดle-clรฉ dans lโessor de la musique nigรฉriane de cette รฉpoque. Il a produit prรจs de 100 artistes pour plus de 150 projets, avant de sโenvoler pour Londres, oรน son talent a รฉgalement fait sensation.
Mais son cลur est restรฉ au Cameroun. Il y est revenu pour y fonder un studio ร la pointe de la technologie โ certainement le plus moderne du pays ร lโรฉpoque. De nombreux artistes camerounais lui doivent leur son : Belka Tobis, Samy Diko, Petit Pays, Guy Lobรฉ, Papillon, Longuรฉ Longuรฉ, Tasse Vermont Duclair, Geo William Massoโฆ
Des artistes comme Longuรฉ Longuรฉ ou Belka Tobis ne cessent de chanter ses louanges. Certains, comme Aladji Tourรฉ, nโhรฉsitaient pas ร dรฉlaisser les grands studios parisiens pour venir enregistrer chez lui, ร Yaoundรฉ. Tel รฉtait le prestige de Nkono Teles : mรชme les artistes basรฉs en Europe et aux รtats-Unis faisaient le voyage pour bรฉnรฉficier de sa magie sonore.
Mais le gรฉnie dรฉrange parfois, ou pire, il est oubliรฉ. Lorsquโil a traversรฉ des pรฉriodes difficiles, beaucoup se sont dรฉtournรฉs de lui. Ceux-lร mรชmes quโil avait aidรฉs, souvent gratuitement โ jingles, cassettes, arrangements โ lโont effacรฉ de leur mรฉmoire.
Depuis sa mort le 14 avril 2011, le silence autour de lui est assourdissant.

Et pourtant, Nkono Teles reste une rรฉfรฉrence incontournable pour les DJs, beatmakers et rappeurs camerounais. Il a ouvert des portes, rรฉalisรฉ des prouesses techniques, faรงonnรฉ des carriรจres. Il demeure, sans doute, lโun des artistes les plus รฉclectiques et innovants de lโhistoire musicale du Cameroun.
Il nous a quittรฉs, mais il nous laisse des albums dโune qualitรฉ rare. Des perles que les mรฉlomanes avertis continuent de chรฉrir.
Je lui consacre un portrait dans mon ouvrage ยซ Les icรดnes de la musique camerounaise โ Tome 2 ยป, disponible ร la Librairie des Peuples Noirs ร Yaoundรฉ (Montรฉe SNI, Immeuble Don Bosco), au 671 99 66 68 ou ร Douala au 699 25 15 80, et รฉgalement sur Amazon : https://t.co/rzbgRxy1Uw
Lโoubli est la ruse du diable.

โ Arol KETCH
14 avril 2025 โ Rat des archives