Quand la CIA voulait assassiner Patrice Lumumba
Patrice Lumumba fut le 1er Premier ministre du Congo (RDC) de juin à septembre 1960. Il est l’une des principales figures de l’indépendance de ce pays et est considéré comme le premier « héros national » de son pays. La CIA avait essayé de le tuer.
Son discours prononcé lors de la cérémonie d’accession à l’indépendance de son pays en présence du Roi Baudouin de Belgique restera à jamais mémorable. Ce jour-là, Lumumba prononce un discours virulent dénonçant les abus de la politique coloniale belge depuis 1885. Son discours proclame vivement que l’indépendance marque la fin de l’exploitation et de la discrimination, le début d’une ère nouvelle de paix, de justice sociale et de liberté. A travers ce discours, Lumumba signe son arrêt de mort.
L’indépendance du Congo est proclamée le 30 juin 1960. Le 11 juillet 1960, Moïse Tshombé annonce la sécession de l’Etat du Katanga, proclame son indépendance et invite l’armée belge à assurer la protection de son pays. Attirée par les richesses du Katanga, la Belgique accepte l’union économique proposée par le Katanga.
En août 1960, le Sud-Kasaï suit l’exemple du Katanga et proclame à son tour son autonomie, plongeant la toute jeune République du Congo dans une période de crise profonde. En réaction, le Premier ministre Patrice Lumumba décide de mobiliser l’Armée nationale congolaise pour reprendre le contrôle du Katanga et du Sud-Kasaï.
Confronté à l’inaction de l’ONU, qui refuse de lui apporter l’aide militaire demandée pour rétablir l’ordre, et au refus catégorique du président américain Eisenhower de soutenir son gouvernement, Lumumba se tourne vers l’Union soviétique pour obtenir de l’assistance.
Nous sommes en pleine guerre froide, et cette alliance naissante entre le Congo et l’URSS déclenche l’alarme à Washington. Pour les États-Unis, il est inconcevable de laisser le Congo basculer dans le camp soviétique, au risque de perturber l’équilibre géopolitique mondial. De son côté, la Belgique, encore très présente dans l’ex-Congo belge, considère Lumumba comme une menace directe à ses intérêts économiques, en particulier dans le lucratif secteur minier. Ses discours en faveur d’une indépendance économique réelle et d’une nationalisation des ressources suscitent la crainte et l’hostilité de l’ancienne puissance coloniale.
Accusé de penchants communistes, Lumumba devient la cible de manœuvres secrètes américaines et belges. La CIA, sous l’impulsion du président Eisenhower, qui donne son accord lors d’une réunion du Conseil national de sécurité le 18 août 1960, planifie son assassinat.
Allen Dulles, alors directeur de la CIA, envoie un message clair à ses agents à Léopoldville : l’élimination de Lumumba est devenue une priorité absolue.
Richard Bissell, responsable des opérations secrètes, confie à un médecin de l’agence, le tristement célèbre Dr. Sidney Gottlieb, la mission de préparer un poison mortel.
Ce poison est dissimulé dans un tube de dentifrice, que les agents devaient réussir à placer dans la salle de bain du Premier ministre congolais, ou sur tout objet susceptible de finir dans sa bouche, comme une brosse à dents ou de la nourriture.
Cependant, malgré ces préparatifs sordides, l’exécution de ce plan échoue. Lawrence Devlin, le chef de la station CIA de Léopoldville, hésite et finit par abandonner la mission.
Entre-temps, Lumumba a été placé en résidence surveillée le 14 septembre 1960 par Mobutu, rendant tout accès à sa personne de plus en plus difficile. Le plan tombe définitivement à l’eau le 27 novembre quand Patrice Lumumba parvient à s’échapper et à rejoindre des soutiens en province.
Son répit est de courte durée. Poursuivi et rattrapé par les forces de Mobutu, Lumumba est capturé. Le 17 janvier 1961, avec ses fidèles compagnons Maurice Mpolo et Joseph Okito, il est transféré à Élisabethville, au Katanga, où ils sont livrés aux autorités locales. Durant le vol, les trois hommes subissent des brutalités si violentes que le pilote craint un moment que l’avion ne s’écrase.
À leur arrivée, ils sont conduits dans une petite maison, entourés de soldats et d’officiers katangais, dont Moïse Tshombé, ainsi que des complices belges comme Gat et Vercheure. Ligotés et humiliés, Lumumba et ses compagnons endurent des heures d’agonie. Aux alentours de 22 heures, ils sont emmenés dans une forêt marécageuse bordée de savane.
Là, dans l’obscurité de la nuit, Patrice Lumumba et ses compagnons sont exécutés par un peloton dirigé par un officier belge. Le drame se joue dans la violence la plus crue, marquant à jamais l’histoire du Congo et laissant une empreinte indélébile dans la mémoire collective.
L’oubli est la ruse du diable!
La terre est sale ! Si è ne mvit ! Ngo Badge !
Arol KETCH – 07.11.2024
Rat des archives