L’ornithologue d’Alcatraz
C’est l’histoire d’un prisonnier qui a profité de son séjour en prison pour lire et devenir spécialiste en ornithologie, un véritable savant. Condamné à mort avant de voir sa peine commuée en prison à perpétuité, il passera 54 ans en prison dont 42 à l’isolement, entouré de plus de trois cents canaris dont il prenait soin.
En octobre 1933, le département de la Justice américaine décide de créer sur l’île d’Alcatraz au large de San Francisco un établissement pénitencier modèle, moderne et de haute sécurité dans lequel seront incarcérés les pires criminels du pays. La prison est sécurisée, les conditions de vie y sont rudes et l’évasion impossible.
Au mois de juin 1962, trois détenus s’échappent en pleine nuit de la prison la plus surveillée des Etats-Unis. Humiliée et bafouée, la justice américaine se lance à leur trousse. C’est certainement l’évasion la plus célèbre qu’a connue les Etats-Unis.
Alcatraz a eu en son sein, un prisonnier particulier : Robert Stroud. Né en janvier 1890 aux Etats-Unis, il est réputé pour avoir élevé et vendu des oiseaux durant sa captivité. Ce qui lui a valu le surnom « L’Homme aux Canaris d’Alcatraz »
Stroud est un enfant battu. Son père alcoolique se montre très violent à son égard, ce qui le pousse à quitter le domicile familial à 13 ans. En 1908, il rencontre Kitty O’Brien qui a le double de son âge et se met en couple avec elle. Seulement, c’est une prostituée et il joue le rôle de son proxénète.
En 1909, Robert Stroud tue un client mauvais payeur qui a refusé de payer après avoir bénéficié des services sexuels de Kitty. Stroud est condamné à 12 ans de prison. Il est incarcéré au McNeil Island Corrections Center situé sur l’île McNeil.
En prison, Robert Stroud se montre très violent. Il se querelle tout le temps avec les autres prisonniers et les gardiens de prison. Il agresse très souvent des détenus et le personnel de la prison à l’arme blanche. En 1916, il poignarde à mort un gardien de prison.
En mai 1916, il est condamné à mort par pendaison.
Ce procès est invalidé par la Cour suprême des États-Unis et il est condamné à la prison à perpétuité lors du second procès. Il fait appel et est alors condamné à mort le 28 juin 1918.
Sa mère demande au Président des Etats-Unis Thomas Wilson et à son épouse d’intervenir en faveur de son fils. 8 jours avant son exécution, la peine de Stroud est commuée en emprisonnement à vie.
Malgré cette faveur présidentielle, Stroud est toujours extrêmement violent à l’égard des détenus et des gardiens. L’administration pénitentiaire décide de l’isoler.
Il est désormais solitaire. Un jour de 1920, il trouve des moineaux blessés dans la cour de la prison; il décide de les soigner. Après les moineaux, il commence à s’intéresser aux canaris. C’est le début d’une véritable passion.
Depuis la prison, il élève et vend des oiseaux.
Le directeur de la prison lui fournit des cages, des produits chimiques pour lui permettre de mener à bien son élevage de plus de 300 canaris. Il va même écrire plusieurs livres et articles qui feront autorité dans le domaine de l’ornithologie.
En effet, dans sa prison les livres étaient une denrée inépuisable. Il y avait une grande bibliothèque. Ses livres ont contribué à mieux comprendre des pathologies et des pratiques de reproduction des oiseaux. Il devient ornithologue expert grâce à l’autodidactisme.
Son activité causait de sérieux problèmes à la prison.
Notamment des problèmes d’hygiène et de salubrité; sa cellule était très sale et les oiseaux volaient de partout. Il recevait tellement de courriers qu’un poste de secrétaire à temps plein fut créé pour en gérer le flux. Il va finalement épouser en prison une de ses correspondantes; Della Mae Jones, une ornithologue amatrice. Devenant de plus en plus gênant, l’administration de la prison de Leavenworth décide de se débarrasser de lui.
Le 19 décembre 1942, Stroud est transféré à Alcatraz et ses oiseaux sont envoyés à son frère. A Alcatraz, les règles extrêmement strictes ne lui permettent plus de continuer son activité; Il passe six ans à l’isolement et commence à perdre la tête.
Il passe 11 ans confiné dans l’aile de l’hôpital d’Alcatraz.
Isolé et solitaire, il continue ses études aviaires et se consacre à l’écriture. Il rédige son autobiographie et un livre sur l’histoire du système pénal américain.
Sa santé chancelante, il est transféré en 1959 au Centre médical pour les prisonniers fédéraux où il meurt le 21 novembre 1963, à l’âge de 73 ans. Toutes ses tentatives pour être libéré furent vaines.
Des livres et des films lui ont été consacrés : le livre Birdman of Alcatraz (1955) de Thomas E. Gaddis et le film Le Prisonnier d’Alcatraz de John Frankenheimer paru en 1962 ( avec Burt Lancaster en vedette).
La terre est sale! Si è ne mvit !
Arol KETCH – 15.02.2024
Rat des archives