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Claude Ndzoudja, le passionné qui a investi tout son argent dans le football camerounais

Il n’y a pas de football sans les présidents de club. Ceux-ci, méritent notre respect. Je vais vous raconter l’histoire d’un passionné qui a investi tout son argent dans le football camerounais afin de donner au footballeur et à l’entraîneur la place qui leur revenait en tant qu’acteurs majeurs du jeu.

Il avait une véritable vision. Il a mis tout son argent dans le football et n’a récolté que méchanceté et ingratitude.

Claude Ndzoudja est né le 3 juin 1952 à Mbalmayo. Il baigne très tôt dans l’univers du football et du sport en général puisque son père est l’un des fondateurs du Club Mythique : “Union de Douala”. Dès sa tendre enfance, il se passionne pour le football et s’illustre dans les championnats inter-quartiers. Il occupe le poste de gardien de buts où il excelle. Ce qui lui vaudra d’être surnommé Yachine en référence à Lev Yachine, le gardien de but russe considéré comme le meilleur de tous les temps; il reste à ce jour, le seul gardien à avoir remporté le ballon d’or.

Claude Ndzoudja a aussi été handballeur professionnel et a joué au sein de l’équipe nationale de Handball du Cameroun. C’est lorsqu’il s’installe en France pour poursuivre ses études qu’il s’affirme réellement dans le football. Il est le premier gardien de but africain à jouer dans une équipe professionnelle en Europe.

Malgré un test concluant au Red Star, l’équipe de football de Saint-Ouen, il décide en 1974 de signer avec Fontainebleau, un club de deuxième division.

Parallèlement au football, il poursuit ses études au terme desquelles, il est recruté comme cadre supérieur au sein du Groupe SEREL France. Mais Claude Ndzoudja souhaite rentrer servir son pays. Il saisit une opportunité en or. La société qui l’emploie à une succursale au Cameroun; il sollicite une affectation au Cameroun et est nommé directeur de SER – Cameroun.

Passionné de football, il suit avec beaucoup d’attentions les clubs de la ville de Yaoundé. Un club retient son attention : Diamant de Yaoundé. Il assiste régulièrement aux entraînements du club et fait la rencontre du Président du club, le dénommé Zeufack qui lui fait part des difficultés financières du club.

En 1985, Zeufack propose la présidence du club à Ndzoudja; ce dernier accepte. Ndzoudja décide d’injecter beaucoup d’argent dans le club. En effet, Ndzoudja est un chef d’entreprise prospère. Il est le propriétaire de la Société d’entretien de la voirie urbaine ETRACAM ( 1200 salariés) et de ZOUCLO BTP, spécialisée dans le bâtiment.

En une année seulement, Diamant accède en première division. Pour féliciter ses poulains pour cette montée spectaculaire, Ndzoudja offre comme prime, une somme de 5 millions de FCFA à chaque joueur.

Ndzoudja a opéré une révolution fondamentale dans l’administration des clubs au Cameroun. Il tenait à ce que les footballeurs et leur encadrement soient dans les meilleures conditions de travail. Ils étaient tous salariés du club. Le salaire mensuel des joueurs était de 400.000 FCFA. Un véritable pactole pour cette époque. Certains joueurs ont même renoncé à des offres à l’étranger pour jouer à Diamant de Ndzoudja.

Séduits par ce traitement particulier, tous les footballeurs du championnat national rêvaient d’évoluer à Diamant de Yaoundé. C’est ainsi que Ndzoudja a réussi à recruter les meilleurs joueurs. Sous sa férule, Diamant a été demi-finaliste de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe en 1988. Il fut un temps, où l’ossature de l’équipe nationale du Cameroun était constituée des joueurs de Diamant.

Ses joueurs ont fait partie des épopées glorieuses de la Coupe d’Afrique des Nations de 1988 au Maroc et de la coupe du monde 1990 en Italie. Au sein de Diamant, on retrouvait des noms comme : André Kana Biyick, Emile Mbouh Mbouh, Benjamin Massing, Roger Ngondiep, Manga, Pidjou, Thomas Libih, Michael Doumbé, Angibeau Nguidjol, Karim Moubang et l’entraineur Michel Kaham.

Ndzoudja dans sa vision, va même développer une pépinière afin de former des jeunes joueurs pour le développement du football Camerounais.

Le succès de Diamant est vu d’un mauvais œil et les adversaires de Ndzoudja vont tout mettre en branle pour l’anéantir. On va détruire ses affaires; il va chuter. N’ayant plus de quoi financer le club, en 1992 il démissionne et son successeur va vendre les joueurs du club pour s’enrichir. C’était devenu son fond de commerce. Le club périclite et disparaît.

Claude Ndzoudja aimait les gens. Il aimait voir les gens heureux et y contribuait. Ce mécène a aussi investi beaucoup d’argent dans la boxe et la culture ( promotion et organisation des concerts). Blessé par la méchanceté et l’ingratitude des gens, il avait trouvé refuge dans sa croyance en Dieu. Il s’était éloigné du monde du football pour se consacrer aux choses spirituelles.

Claude Nzondja est décédé le 16 septembre 2020, des suites de maladie à l’Hôpital général de Yaoundé; il avait 68 ans.

L’oubli est la ruse du diable.

Arol KETCH – 04.02.2024

Rat des archives

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