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Jean Mbouende – Nationaliste et premier maire élu de Bafang

Né vers 1890, Jean Mbouende est une personnalité qui a considérablement marqué l’histoire du Cameroun.

En 1935, il est nommé assesseur au tribunal de consultation de Bafang. Il est élu la même année à la vice-présidence de la coopérative des planteurs de la Subdivision de Bafang. Il se fait remarquer par ses prises de position très courageuses contre le régime colonial.

Il mène activement la lutte contre l’interdiction faite aux africains de faire dans la caféiculture, source de richesse à l’époque.

En 1946, il crée le syndicat des petits planteurs de la subdivision de Bafang qu’il affilie à l’Union des Syndicats Confédérés du Cameroun (USCC) de Gaston Donnat.

Le café est source de richesse et l’administration coloniale ne voit pas d’un bon œil la vulgarisation de l’activité qui pourrait déboucher sur l’émancipation des populations.

Persécuté et emprisonné en raison de son engagement pour la défense des planteurs, il se rapproche de l’UPC et crée le premier comité central de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) de la région Bamiléké à Bafang en juin 1948.

En effet, après sa libération après un séjour en prison, Um Nyobe l’invite à Douala et lui remet les statuts du nouveau parti.

En mai 1955, les forces coloniales se lancent à la traque des leaders nationalistes de l’UPC, Jean Mbouende trouve refuge dans l’une de ses plantations à KEKEM. Il est question de le capturer mort ou vif. Malgré les informations en leurs possessions sur sa localisation, les forces coloniales ne parviennent pas à le capturer. On est alors convaincu qu’il est doté de pouvoirs mystiques et qu’il se transforme en plant de café pour échapper aux assaillants. En 1959, l’administration coloniale ordonne la destruction de tous les plants de café de sa plantation, persuadée qu’il se trouvait parmi ces plants.

Le Cameroun devient indépendant le premier janvier 1960 et le président Ahmadou Ahidjo proclame l’amnistie. Avec la mort de Um Nyobé et les difficultés du maquis, Jean Mbouende se rend et se rallie au gouvernement du Cameroun indépendant. On lui confie alors la lourde mission de pacifier la zone de Bafang et de faire sortir les populations du maquis. Mission qu’il réussit avec brio. En Avril 1961, il devient le premier maire élu de la commune de Bafang.

Ancien upéciste rallié au régime dès 1960 , Jean Mbouende, maire de Bafang, va subir les foudres du régime qui l’avait pourtant célébré en lui donnant la médaille de “chevalier de l’ordre de la valeur” le 16 janvier 1965.

Six mois après cette reconnaissance, il est arrêté et envoyé à la BMM de Manengouba. On l’accuse de financer Ernest Ouandié où il sera sauvagement torturé et expédié à la BMM de Yaoundé. Après quatre mois à la BMM de Yaoundé, il est envoyé à la BMM de Douala. Malgré que son dossier s’avère vide, il est envoyé au centre de rééducation civique de Mantoum. Il y restera quatre années et demie sans jugement.

En effet, la hiérarchie politico-administrative craignait la “montée en puissance des bamiléké”; la suspicion et la délation s’installent. Les Bamiléké, même membre du gouvernement et du parti présidentiel, sont suspectés d’une certaine proximité avec les “rebelles” ( nationalistes). C’est ainsi qu’on va fabriquer plusieurs complots pour inquiéter de hauts-dignitaires bamilékés.

En 1999, il publie son autobiographie « Pour la patrie, contre l’arbitraire », dans laquelle il retrace son passage dans ces lieux de la mort.

Il meurt 16 juillet 2004, crédité de 114 ans.

Arol KETCH – 26.03.2023

Rat des archives

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