Il y a 24 ans la mort de Samuel Eboua
C’est notre Histoire!
Né le 3 mars 1928 à Njombé, dans le département du Mungo, Samuel Eboua a marqué de son empreinte l’histoire contemporaine du Cameroun. Après ses études secondaires au Lycée Marc Roby de Saint-Germain-en-Laye et au Lycée Buffon à Paris, il obtient en 1958 son Baccalauréat en sciences expérimentales.
En 1959, il intègre la classe de lettres supérieures au Lycée Janson de Sailly, avant de s’inscrire en 1960 à la Sorbonne, où il décroche une Licence d’Histoire et de Géographie en 1963, suivie d’un Diplôme d’Études Supérieures (DES) de Géographie en 1964. La même année, il obtient également un diplôme de l’Institut d’Études Politiques de Paris.
De retour au Cameroun en 1964, il commence sa carrière comme professeur au Lycée Général Leclerc de Yaoundé. Très vite, ses compétences sont remarquées : il est promu censeur en 1965, puis Directeur de l’Enseignement du Second Degré en 1968 au Ministère de l’Éducation, de la Jeunesse et de la Culture.
Une anecdote marquante de cette période illustre son intégrité : après avoir sanctionné une fille du président Ahidjo, il est convoqué au palais. Craignant des représailles, il est surpris d’être félicité pour son impartialité. Peu après, sa carrière prend un tournant décisif : en 1969, il est nommé Chargé de Mission à la Présidence de la République, avec rang de Ministre Adjoint.
De 1972 à 1975, Samuel Eboua dirige la Cameroon Airlines en tant que PDG, avant d’être nommé Secrétaire Général de la Présidence de la République avec rang de Ministre d’État. Lorsqu’Ahmadou Ahidjo lui confie en 1982 son intention de démissionner, Samuel Eboua tente en vain de le convaincre de rester au pouvoir, ému jusqu’aux larmes par cette annonce historique.
En novembre 1982, il est nommé Ministre d’État chargé de l’Agriculture dans le premier gouvernement de Paul Biya. Cependant, il perd son poste lors du remaniement ministériel de 1983, aux côtés de plusieurs autres fidèles d’Ahidjo. Après une période d’éclipse, il revient en 1985 à la tête de la Cameroon Airlines.
Sur le plan politique, Samuel Eboua prend un tournant décisif en rejoignant l’opposition en 1991. Président provisoire de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP), il participe à des manifestations marquantes pour réclamer une Conférence Nationale Souveraine.
Arrêté lors d’un meeting en septembre 1991, il subit de graves violences policières, un épisode tristement surnommé la « fessée nationale souveraine ».
Écarté de la présidence de l’UNDP en 1992, il fonde le Mouvement pour la Démocratie et le Progrès (MDP) en 1993, qu’il dirigera jusqu’à sa disparition. Candidat aux élections présidentielles de 1992, il se retire pour soutenir John Fru Ndi.
En 1997, il se présente à nouveau, mais n’obtient que 2,4 % des suffrages, en partie en raison du boycott de plusieurs grands partis de l’opposition.
Outre sa carrière politique, Samuel Eboua a laissé un riche héritage intellectuel à travers plusieurs ouvrages : Une décennie avec le président Ahidjo (1994), Ahidjo et la logique du pouvoir (1995), et D’Ahidjo à Biya – Le changement au Cameroun (1996).
Samuel Eboua s’est éteint le 14 novembre 2000 à Douala, laissant derrière lui le souvenir d’un homme intègre et dévoué à son pays.
L’oubli est la ruse du diable
Arol KETCH – 16.11.2024
Rat des archives
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