Le 30 octobre 1974, le monde entier avait les yeux rivés vers Kinshasa, où se déroulait un combat légendaire entre Mohamed Ali (32 ans) et George Foreman (25 ans) pour le titre mondial des poids lourds. Ce combat est surnommé » The Rumble in the Jungle ».
Ce combat s’inscrit dans un contexte géopolitique particulier où s’entremêlent les luttes pour les droits civiques, les tensions postcoloniales, et la montée de l’influence de l’Afrique sur la scène internationale. C’est aussi un symbole de la lutte des Noirs américains, un retour aux sources en Afrique, et un défi aux structures de pouvoir mondial.
Don King, promoteur flamboyant, voit dans cet événement une opportunité unique et convainc le président Mobutu de l’accueillir à Kinshasa. Mobutu, soucieux de projeter une image moderne de son pays, y voit aussi un moyen de renforcer sa stature internationale, et fait de cet événement une vitrine du « Mobutisme ». Ce combat s’inscrit pleinement dans le cadre de sa politique d’authenticité et de zaïrianisation.
Cet affrontement légendaire est précédé d’un autre événement marquant : un festival de musique réunissant des artistes d’Afrique et des États-Unis sur une même scène.
Pendant des semaines, la capitale du Zaïre vit au rythme du festival Zaïre 74, mêlant concerts de musique africaine et américaine; célébrant la culture noire et son héritage.
C’est donc un retour aux sources pour plusieurs grandes figures afro-américaines. Parmi elles, BB King, James Brown, Bill Withers, les Spinners, Sister Sledge, Etta James, ainsi que le groupe latino Fania All Stars avec Johnny Pacheco et Celia Cruz. Aux côtés de ces vedettes américaines, des stars africaines telles que Manu Dibango, Abeti Masikini et Miriam Makeba rejoignent les Congolais Tabu Ley, Franco et le TP OK Jazz, Zaïko Langa Langa, ainsi que Le Trio Madjessi, désigné pour accueillir la délégation américaine.
Mohamed Ali, déjà une figure emblématique aux États-Unis, incarne la résistance et les droits civiques. Il est un porte-parole pour le Black Power, une figure de proue contre la guerre du Vietnam, et un militant de la cause noire dans le monde. Face à lui se dresse George Foreman, colosse au palmarès impressionnant de 40 victoires dont 37 par KO.
Foreman est redouté pour sa force brute et sa puissance sans pareille, mais pour une partie de la communauté noire, il est perçu comme trop proche du “système américain”. Ali n’hésite pas à le critiquer, le dépeignant comme l’outil des oppresseurs. Ce duel est aussi une bataille d’idées, où chaque boxeur représente une vision différente de la liberté et de l’identité.
À Kinshasa, la ville est inondée de panneaux affichant avec fierté, un combat entre deux hommes noirs, dans une nation noire, sous les yeux du monde entier. Les deux champions s’entraînent à Kinshasa. Ali faisant notamment de longues courses le long du fleuve Congo afin de parfaire son endurance et poursuivi par des enfants admiratifs.
Le soir du combat, Ali entre dans l’arène à 4h du matin devant une foule conquise de plus de 100 mille spectateurs. Il est pourtant donné perdant, face à Foreman qui incarne la puissance invincible. Mais Ali a un plan : il utilise une technique qui restera dans l’histoire, le « rope-a-dope ». Plutôt que de danser autour du ring comme il en a l’habitude, Ali s’appuie contre les cordes, encaissant les coups de Foreman, le laissant s’épuiser sans jamais céder.
« Ali, boma ye! Ali, boma ye! » (« Ali, tue-le », en lingala) scande le public conquis; ce qui galvanise Ali.
Foreman, dérouté et frustré, continue à frapper de toutes ses forces, tandis que la résistance d’Ali fascine les spectateurs qui scande en chœur « Ali, boma ye! ». Round après round, Ali attend, absorbant les assauts, usant de la souplesse des cordes pour amortir les chocs.
Au huitième round, le piège se referme sur Foreman. Ali, jusqu’alors en défense, passe à l’attaque. Foreman, à bout de souffle, ne peut plus résister. Quelques coups précis suffisent : Foreman s’effondre au sol, et l’arbitre prononce le KO. Ali, le grand perdant annoncé, a triomphé.
Il lève les bras sous les acclamations de la foule et des millions de téléspectateurs qui suivent l’événement partout dans le monde. En un instant, il a reconquis le titre de champion, mais aussi renforcé son statut de héros de la cause noire, de figure charismatique et militante.
Envoyé au tapis pour la première fois de sa carrière, ne s’en remettra pas et sombre dans une profonde dépression.
Le Rumble in the Jungle incarne une fierté noire, un retour aux racines, et un défi à l’ordre établi. Ali, en triomphant dans une Afrique en pleine effervescence postcoloniale, devient un symbole mondial de courage et de détermination.
L’oubli est la ruse du diable!
La terre est sale ! Si è ne mvit ! Ngo Bagde !
Arol KETCH – 30.10.2024
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