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Mouafo Djontu – L’étudiant qui a fait vibrer l’université au Cameroun


Petite pensée pour un homme qui nous a fascinés alors que nous étions jeunes : Mouafo Djontu.
Son histoire est celle d’un jeune étudiant qui a fait vibrer l’université au Cameroun en organisant des grèves retentissantes dans les années 2004 et 2005.
Mouafo Djontu est né le 5 Novembre 1977. Après de brillantes études secondaires au collège François Xavier Vogt, il entre à l’université de Yaoundé I et obtient une maîtrise en Chimie.


Mouafo Djontu est surtout un patriote. Très tôt, il ne comprend pas pourquoi les nationalistes camerounais ne sont pas honorés. Il ne comprend pas pourquoi on n’enseigne pas la vraie histoire du Cameroun dans nos écoles.
Le jeune Mouafo est aussi très sensible aux conditions de vie de ses compatriotes. A l’université, il est meurtri par le délabrement des bâtiments, les conditions de vie difficiles des étudiants. Il décide donc de s’engager pour améliorer les conditions de vie des étudiants.
En juillet 2004, Mouaffo est élu président de L’Association pour la défense des droits des étudiants du Cameroun (ADDEC) avec Lindjouom Mbowou comme vice-président,Messi Mballa comme secrétaire général, Okala Ebodé, Secrétaire à la Coordination Interieure, Batogna, Secrétaire à la Communication, Ibrahim Mohaman, Kokomo Éric, et bien d’autres.


Mouaffo Djontu ne lésine pas sur les moyens pour atteindre son but. Il veut frapper fort.
Fin septembre 2004, il organise une grève de la faim. Pour marquer le coup, il choisit avec ses camarades, le siège du quotidien Mutations comme lieu devant accueillir la grève; malheureusement ils sont chassés comme des malpropres. On ira jusqu’à leur verser de l’eau. Refoulés de Mutations, Mouafo et ses compagnons se replient au siège de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés où ils seront aussi chassés.
C’est finalement au siège de l’organisation non gouvernementale Nouveaux Droits de l’Homme qu’ils vont lancer et poursuivre leur grève de la faim. Mouafo et ses camarades entrent en grève du 29 Septembre au 10 Octobre 2004.
Le timing choisi par Mouafo Djontu n’est pas fortuit; c’est l’élection présidentielle. Il souhaite profiter des élections présidentielles pour imposer la cause de la défense des droits des étudiants dans le débat. C’est ainsi que plusieurs candidats à l’élection présidentielle viendront rendre visite aux grévistes ( Ndam Njoya,Hubert Kamgang, Anicet Ekanè etc) .


Les grévistes suspendent leur grève à la veille de l’élection présidentielle pour exprimer leur devoir citoyen dans les urnes.
Paul Biya remporte l’élection présidentielle. Quelques mois plus tard, Mouafo Djontu fait de nouveau parler de lui. Le 13 avril 2005, il lance une nouvelle grève de la faim. Chassé des locaux de la conférence Episcopale Nationale du Cameroun et de la Croix Rouge Camerounaise, Mouafo Djontu se replie à l’université et c’est au Campus de l’université de Yaoundé I qu’il mène sa grève. Ses objectifs sont les mêmes : l’amélioration des conditions de vie des étudiants.
Le téméraire Djontu et ses compagnons vont mener une grève universitaire générale de avril à mai 2005. Mouafo Djontu et ses camarades vont humilier le ministre Jacques Fame Ndongo lors d’une rencontre au Campus sous la pluie à l’issue de laquelle le ministre de l’Enseignement Supérieur sortira trempé, ils réussiront à le faire asseoir au sol.
Mouafo Djontu et ses camarades seront arrêtés puis relâchés par les gendarmes. Il exerce une certaine cristallisation chez les étudiants qui le considèrent comme leur messie. On le considère même comme étant “ Jésus qui prêche à Jérusalem ». Il faut l’éloigner de l’université afin que son influence cesse sur les autres étudiants.
Mouafo Djontu reçoit alors des propositions mirobolantes; on lui propose un exil doré hors du Cameroun. Djontu va balayer ces propositions juteuses d’un revers de la main tandis que certains de ses camarades vont tremper.
De nombreuses promesses sont faites aux grévistes après la grève d’Avril-Mai 2005.


Face aux promesses non tenues, Mouafo Djontu et ses camarades lancent une nouvelle grève générale en novembre 2005. Elle sera la plus violente. Mouaffo Djontu et ses camarades sont arrêtés et incarcérés au SED où ils sont sauvagement torturés. Les dégats physiques causés par la torture sont tels que Mouaffo Djontu croit qu’il va y passer.
Une folle rumeur se répand alors : “ Mouafo Djontu est mort, il a été battu à mort”. Cette rumeur crée une véritable onde de choc chez les étudiants. Leur “Jesus” serait mort. La réaction violente des étudiants est telle que le régime va se précipiter pour démentir la rumeur sur la mort de Mouafo Djontu.
Présenté devant le procureur, Djontu est condamné pour rébellion et trouble à l’ordre public. Il écope de 7 mois de prison ferme avec 5 ans de sursis.
Une note signée par Dorothee Njeuma le bannit des universités Camerounaise.
Malgré cette interdiction, Mouafo Djontu réussit à s’inscrire à l’Université Catholique d’Afrique Centrale. Ce chimiste de formation change totalement de parcours et s’oriente vers les sciences sociales. Il poursuit ses études en Master en Droit en Action Humanitaire à l’Université.
Notons que les grèves menées par Mouafo Djontu et ses camarades ont contribué à améliorer dans une certaine mesure, les conditions de vie des étudiants camerounais.


Notons aussi que Mouafo Djontu a échappé à la mort à plusieurs reprises; on a même utilisé les attaques mystiques pour l’éliminer.
Mouafo Djontu a depuis quitté le Cameroun pour s’installer en France ( Grenoble) où il a soutenu son doctorat (« Territorialisation du droit à l’éducation à partir d’une analyse des dynamiques de pouvoirs : le cas de la région de l’extrême nord du Cameroun»).
Il exerce comme chercheur et chargé d’enseignements dans les établissements d’enseignements supérieurs français.
C’est toujours le même scénario. A chaque fois, les grands leaders estudiantins camerounais ont dû quitter le Cameroun généralement contraint à l’exil ou alors faute de perspectives sur place.


L’oubli est la ruse du diable!
La terre est sale ! Si è ne mvit ! Ngo Bagde !
Arol KETCH – 03.07.2024
Rat des archives

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