Les Rwigara : Une famille traquée !
L’opposante et activiste Rwandaise Anne Rigwara est décédée ce 28 décembre dans des conditions troubles ; on évoque même la thèse de l’assassinat politique. Occasion pour nous de raconter la traque dont est victime cette famille de la part du régime de Kagamé.
Assinapol Rwigara était un richissime entrepreneur et homme d’affaires Rwandais qui a fait fortune dans l’industrie et l’immobilier. C’était un patriote. Dans les années 1990, ce père de 4 enfants avait avait largement financé le Front patriotique rwandais (FPR), alors rébellion, qui a pris le pouvoir à la suite du génocide en 1994.
Dans la nuit du 4 février 2015, Assinapol Rwigara meurt dans un accident de voiture à Kigali dans des circonstances troubles. Sa famille parle d’assassinat. Arrivés sur les lieux, ses enfants surprennent une dépanneuse de la police en train d’enlever la voiture avec leur père, vivant à l’intérieur.
Une fois sorti de la voiture, il était encore vivant selon sa fille Anne. Malgré cela, il sera mis dans un sac mortuaire et une fois à la morgue; on découvrira des blessures à l’arrière de son crâne. Une autopsie révèle que son décès a été causé par des blessures provoquées par un couteau.
Pour la famille son assassinat a été maquillé en accident de voiture. Assinapol Rwigara dérangeait par son indépendance, sa liberté de ton et sa richesse. La famille va réclamer une enquête et une protection au président Paul Kagamé. Rien ne se fera.
Convaincue de l’assassinat de leur père, la famille Rwigara entre en dissidence. Elle dénonce la gouvernance du président Kagame, les injustices et l’oppression au Rwanda. Le 3 mai, Diane Rwigara, fille du disparu, née en 1980; annonce sa candidature en tant qu’indépendante à l’élection présidentielle.
Cette annonce sonne comme coup de tonnerre car elle est saluée par la masse d’habitude silencieuse. Pour la dissuader et l’intimider, ses photos nues sont divulguées. Diane ne se démonte pas et veut aller jusqu’au bout.
Le 7 Juillet 2017, sa candidature est invalidée par la commission électorale qui affirme avoir décelé de fausses signatures sur la liste de ses parrainages. La famille Rwigara qui a voulu défier Kagamé, paiera très cher cet affront.
Le 29 août 2017, la police rwandaise mène une perquisition au domicile de la famille. On évoque une enquête visant les signatures présumées falsifiées du dossier de candidature de Diane et des soupçons de fraudes fiscales pesant sur l’entreprise familiale Premier Tobacco Company, gérée par Anne, la sœur de Diane.
Diane, sa mère, Adeline et sa sœur Anne sont placées en détention provisoire le 24 septembre 2017 et inculpées pour incitation à l’insurrection. Anne et sa mère Adeline passeront 1 an en prison. Les charges seront finalement abandonnées.
En effet, après plus d’un an de procédure, les juges de la Haute Cour de Kigali tranchent que “les charges retenues par l’accusation sont sans fondement”.
Anne Rigwara est décédée le 28 décembre 2023 après huit heures passées à se plaindre de douleurs à l’estomac. Elle n’avait que 41 ans. Ceci alimente des spéculations sur un empoisonnement.
Le doigt accusateur est pointé vers régime de Kagame, accusé de faire taire la dissidence à l’approche des élections. Anne Rigwara ainsi vient alourdir la longue liste des dissidents dont la mort est attribuée au régime Kagame.
On se souvient que le colonel Patrick Karegeya, ancien proche de Kagamé et chef des services secrets rwandais avait été éliminé en Afrique du sud parce que devenu un farouche opposant au régime. Kagamé avait alors transmis un message clair : « La trahison a des conséquences. Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime »
La terre est sale ! Si è ne mvit !
Arol KETCH – 29.12.2023
Rat des archives