François Sengat Kuo, le véritable idéologue du renouveau
Né le 4 août 1931 à Douala, François Sengat Kuo est une personnalité politique camerounaise qui fut une éminence grise de l’ancien président Ahmadou Ahidjo et un idéologue de Paul Biya et le renouveau.
François Sengat Kuo est un élève brillant ; il fait ses études secondaires au Lycée Leclerc de Yaoundé, major du territoire au BEPC, il obtient une bourse pour poursuivre ses études au lycée Pierre d’Ailly à Compiègne en France. Il fera des études de droit et d’économie.
A la veille de l’indépendance, il est formé à l’ENA et dans les ambassades de France à l’étranger. Étudiant, il était très actif au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) et de l’association des Etudiants camerounais. Il a aussi travaillé au sein du comité de rédaction de la revue Présence africaine de 1953 à 1958. Il y publie de nombreux articles sous le pseudonyme de Francisco Nditsouna.
C’était un amoureux des lettres et un ardent défenseur de la cause noire. Dans le cadre de l’Union nationale des étudiants du Kamerun (UNEK), il est l’un des créateurs du journal le KASO. Écrivain et poète reconnu, il était membre de la Ronde des poètes; une association culturelle camerounaise. Ses écrits abordent le thème de la colonisation, du racisme et des injustices dont furent souvent victimes les africains. Il est l’auteur de: Collier de cauris, chez Présence Africaine et Fleurs de latérite paru chez Clé. Son poème “intitulé Il m’ont dit”; de l’hydre à mille têtes est un classique. Durant son séjour parisien, nous révèle Mongo Beti, François Sengat-Kuo n’a pas fait partie de l’Union des Populations du Cameroun malgré la sympathie avérée qu’il disait avoir pour ce parti.
En 1960, il rentre au Cameroun. De 1960 à 1961, il est Directeur du Cabinet du Ministre des Affaires Étrangères ; puis Conseiller Technique du Ministre des Affaires Étrangères.
De 1962 à 1965, il est respectivement Ministre Plénipotentiaire et Secrétaire Permanent de l’Union Africaine et Malgache / Organisation de l’Unité Africaine auprès des Nations Unies. Puis, Directeur des Affaires économiques et techniques au Ministère des Affaires Étrangères; il est par la suite, chargé de mission à la Présidence de la République Fédérale, puis nommé Secrétaire Général Adjoint à la Présidence de la République avec rang de Ministre.
En effet, en 1975, il est l’adjoint de Paul Biya au secrétariat général de la présidence. Lorsque Paul Biya est nommé Premier ministre, Samuel Eboua occupe le poste de secrétaire général à la présidence avec pour adjoint, Sengat Kuo. Les relations entre les deux vont se détériorer. En 1983, François Sengat Kuo est nommé Ministre de l’Information et de la Culture.
Secrétaire politique du comité central du RDPC, il est l’initiateur du projet du “renouveau national” défini au congrès de bamenda en 1985 qui sera consigné dans l’ouvrage “pour le libéralisme communautaire” de Paul Biya. A ce congrès, il proposa de changer le nom UNC en RPC ( Rassemblement des populations du Cameroun). Le bureau du congrès modifia RPC en RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais).
Au sein du RDPC, il mène une guerre farouche contre le courant conservateur réactionnaire.
Face aux propositions de Sengat Kuo qui souhaite moderniser le parti, Paul Biya garde le mutisme total. François Sengat Kuo souhaite rencontrer le Président Paul Biya mais il est éconduit. Au début de l’année 1990, le Secrétaire politique du RDPC attend en vain l’autorisation de Paul Biya, Président national du RDPC afin d’organiser le forum national du dialogue en lieu et place du congrès du parti afin de réconcilier le peuple camerounais avec lui-même.
Sengat Kuo démissionne de son poste de secrétaire politique du RDPC. En effet, en 1990, il quitte le RDPC dont il est secrétaire politique et membre du comité central, en lançant ce cri « la vermine est dans le fruit ».
Dépité par l’inconsistance du renouveau pris en otage par les conservateurs réactionnaires, ,il ira rejoindre le camp de John Fru Ndi en 1992 dans la dynamique de l’union pour le changement. Il opère un changement soudain idéologique, lorsque le multipartisme éclate au début des années 1990. Il sera traqué au lendemain de l’élection présidentielle d’octobre 1992 par ses camarades d’hier pour avoir osé dénoncer les fraudes massives constatées.
En effet, il avait rejoint l’opposition radicale en tant que secrétaire général de « l’Alliance pour la reconstruction par la Conférence nationale souveraine (ARC-CNS) ». Cette coalition de 12 partis envisageait un changement substantiel à travers un programme en 3 points : la démission inconditionnelle de Paul Biya, la formation d’un gouvernement de transition qui convoquerait une conférence nationale souveraine et la création d’institutions véritablement démocratiques. François Sengat Kuo est mort en septembre 1997.
En 1997, lorsqu’il est décédé, Sengat Kuo était vice-président de ce qu’on appelle « L’Union Pour le Changement », qui prônait la création immédiate d’un État fédéral au Cameroun. Ainsi donc ce haut responsable d’Etat au sein des administrations d’Ahmadou Ahidjo et de Paul Biya avait donc compris que le problème du Cameroun c’était aussi le RDPC héritier de l’ancien parti unique : « la vermine est dans le fruit » avait-il lancé en démissionnant du RDPC.
Arol KETCH – 11.12.2023
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