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Jean Collin et la mort d’Omar Blondin Diop

Brillant intellectuel sénégalais, opposant à la politique pro-occidentale du pouvoir de Léopold Sédar Senghor, Omar Blondin Diop est retrouvé mort le 11 mai 1973 dans sa cellule, à la prison centrale de Gorée. Il avait 26 ans. 

 Il y avait été interné, depuis sa condamnation, à 3 ans de réclusion, pour atteinte à la sûreté de l’Etat  par un tribunal spécial, le 23 mars 1972.  Premier sénégalais normalien, il avait été exclu de France en raison de ses activités révolutionnaires. A Dakar, soutenus par ses frères tous anticolonialistes; il critique la politique pro-française de Senghor qui s’est adjoint au poste de ministre de l’intérieur un proche de Jacques Foccart : Jean Collin.

En janvier 1973, les frères de Blondin décident de saboter la visite du Président Pompidou au Sénégal; ils incendient le centre culturel français et le ministère des travaux publics. Ils préparent des cocktails molotov pour les jeter sur le cortège de Pompidou. Ils sont arrêtés, torturés et condamnés au travaux forcés. 

Depuis le Mali où il s’est réfugié, Blondin projette de libérer ses jeunes frères;il est capturé et extradé au Sénégal où il est condamné à 3 ans de réclusion.   

Le 14 mai 1973, le quotidien gouvernemental Le Soleil annonce la mort de Oumar Blondin Diop et parle de suicide. Il n’en est rien. 

C’est un mensonge d’Etat. Omar Blondin a été assassiné; il a succombé après des sévices que lui ont infligés ses geôliers sur ordre de Jean Collin. La triste nouvelle provoque une immense colère populaire, les barricades se dressent; la foule est en furie.

Une autopsie est réalisée en la présence du père de Omar Blondin, médecin. Pour lui, il ne fait aucun doute que son fils a été assassiné. Il note sur le corps de Blondin plusieurs traumatismes violents portés dans les régions bulbaire et lombo-sacrée qui auraient entraîné une forte commotion cérébrale. 

Cette mort a été maquillée en suicide; il n’est pas question que la vérité jaillisse. Jean Collin, ministre de l’intérieur confisque le corps du défunt et organise en catimini l’inhumation de Blondin Diop  avec l’aide de policiers anti-émeute qui quadrillent le cimetière.

 La nouvelle de cette inhumation secrète embrase la foule et provoque des émeutes qui vont durer plusieurs jours.  Pendant des mois sous ordre du sinistre Collin, les policiers restent sur place pour garder la tombe.

Le juge d’instruction Moustapha Touré désigné pour mener l’enquête écarte la thèse du suicide. Il inculpe plusieurs gardes pénitentiaires. Craignant que jaillisse la vérité, le pouvoir l’écarte de l’affaire et le remplace par un juge acquis à leur cause qui va classer l’affaire.

Qui est donc ce Jean Collin, ancien administrateur colonial, au coeur de l’assassinat du brillant Omar Blondin ? 

Surnommé « le toubab », ce personnage controversé a marqué l’histoire politique du Sénégal. Né en 1924, ce français a été Maire, député, haut responsable du PS, plusieurs fois ministre au Sénégal. 

Il est Secrétaire général de la Présidence de la République de décembre 1963 à février 1964. En 1964, il est nommé ministre des finances et devient ministre de l’Intérieur en 1971; poste qu’il occupe pendant près de 10 ans. 

Il s’illustre par son autoritarisme et sa répression de l’opposition politique.  Sous  Senghor, il y avait plusieurs Blancs au sein du gouvernement. Collin fut maire de Joal-Fadiouth de 1968 à 1972 et président du Conseil municipal de Thiès. 

Secrétaire général de la Présidence de la République, c’est le dernier poste qu’occupa  Collin.

Jean Collin meurt en France le 18 octobre 1993 à l’âge de 69 ans. Selon ses dernières volontés, il est inhumé au Sénégal. 

Arol KETCH – 06.12.2023

Rat des archives 

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