John Fru Ndi qui a incarné pendant plusieurs années la figure du principal opposant à Paul Biya est décédé. C’est une page de l’histoire politique du Cameroun qui se tourne avec lui.
John Fru Ndi est celui qui a accéléré le processus de démocratisation au Cameroun.
Il est le fondateur et dirigeant du parti camerounais d’opposition Social Démocratique Front (SDF).
En février 1990, le jeune libraire de Ntarikon, Ni John Fru Ndi et maitre Siga Asanga, déposent les dossiers pour la légalisation d’un parti politique, le SDF à Bamenda, à la préfecture de ville.
3 mois après le dépôt légal, n’ayant toujours pas reçu de réponse de l’administration ; ils considèrent alors comme le veut la loi que la reconnaissance implicite du parti est actée.
Dans un communiqué en date du 15 Juin 1990, le SDF invite ses sympathisants et militants potentiels au meeting inaugural du parti à Bamenda le 26 mai 1990 à 14h.
Pour marquer le coup, le nouveau parti souhaite procéder à une longue marche dont le point culminant sera le stade municipal de Bamenda où les discours se tiendront. La veille, John Ngu Foncha et le recteur du séminaire catholique de Bambui, rencontrent
John Fru Ndi pour le convaincre de renoncer à son projet, sans succès. La marche est interdite.
Bravant l’interdiction, le SDF lance sa grande marche. Une foule monstre déferle dans la ville de Bamenda, noire de monde. Du jamais vu. On parle de près de 100 mille personnes. Les gens venaient de partout.
La police et la gendarmerie décident de dissoudre violemment les marcheurs pacifiques. La violence de la riposte policière est telle qu’on enregistre 6 morts : « les premiers morts de la démocratie ».
Parmi les victimes, il y avait 4 étudiants : Juliette Sikod, Evariste Toje Chatum, Fombi Asanji et Mathias Tifuh Teboh. Les 2 autres victimes sont des opérateurs du secteur informel. Edwing Jatop Nfon (couturier) et Fidelis Chosi Mankam (meunier).
Le SDF et son chairman venait là de marquer un sérieux coup qui va accélérer la démocratisation du Cameroun. Pour riposter au coup de force du SDF, les barons du régime avec à leur tête Emah Basile, le tout puissant maire de Yaoundé vont organiser des marches contre le multipartisme.
Mais face à la soif du peuple qui réclame le multipartisme et le poids du discours de la Baule de Mitterrand, le président Paul BIYA lui-même va capituler lors du congrès du RDPC du 28 au 30 Juin 1990 durant lequel il affirme : « le RDPC doit se préparer désormais à une éventuelle concurrence »
Quelques mois plus tard, l’Assemblée nationale du Cameroun se réunit au cours d’une session baptisé « session des libertés ». Des textes de lois sont adoptés au rang desquels celui portant liberté d’association et de partis politiques au Cameroun.
Très populaire auprès du bas peuple, John Fru Ndi incarnait l’espoir et enflammait les foules dans des meetings populaires en clamant, le poing levé, Power to the people ! (pouvoir au peuple !), Sofer Don finish (la souffrance est finie). On lui prêtait même des pouvoirs mystiques en arguant qu’il avait le pouvoir d’arrêter les balles.
Arol KETCH – 13.06.2023
Rat des archives
En septembre 1991, le directoire de l’opposition camerounaise, en quête de changement, entame une tournée…
Le stade Tata Raphaël est un stade de Kinshasa en République démocratique du Congo, situé…
Mansa Moussa, roi de l'empire du Mali de 1312 à 1337, est considéré comme l’homme…
C’est une actualité qui a fait les choux gras de la presse au milieu des…
Leur arme ? Les doigts. Leur méthode ? La chatouille.. Cela peut faire doucement sourire;…