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Amadou Oumarou – le marabout qui voulait devenir Président du Niger

Surnommé « Bonkano » (le chanceux) en raison de son incroyable baraka, Amadou Oumarou a fini par faire corps avec son surnom. Son histoire est celle d’un planton très chanceux, très ambitieux qui a su s’enrichir et a fini par rêver d’un destin présidentiel.

Respectivement planton au Ministère de l’intérieur puis de la Défense Nationale, rien a priori ne le prédisposait à la richesse et à la célébrité.

Peu à peu, Bonkano réussit à tisser des liens amicaux avec la hiérarchie militaire. C’est en tant que simple planton qu’il fit la connaissance en 1969 du futur président du Niger Seyni Kountché qui était à ce moment commandant et chef d’Etat-major adjoint. C’est Idrissa Arouna alors lieutenant des FAN (Forces armées nigériennes), qui présente Bonkano à son grand ami Seyni Kountché afin qu’il soigne l’épouse de celui-ci malade. Opération que Bonkana réussit avec brio.

Les deux hommes se lièrent aussitôt d’amitié et Amadou Oumarou devint le conseiller occulte, marabout-féticheur de Kountché jusqu’à son accession au sommet de l’Etat par putsch en 1974.
Oumarou abandonne alors ses habits de planton pour arborer officiellement ceux de marabout. L’homme-lige du président apparaît désormais drapé de grands boubous, la tête enveloppée d’un turban, coran sous le bras et chapelet à la main.

Le marabout du président parvient à s’enrichir considérablement en drainant vers lui une immense clientèle de militaires, hauts fonctionnaires, ministres, notables. Il se lance aussitôt dans les affaires. Sa fortune s’accroît avec les immenses contrats juteux que lui offre son ami le président.

Jouissant de son influence auprès des hautes personnalités de l’Etat et conforté par sa richesse, Bonkano acquiert des pouvoirs si étendus qu’il en imprègne la vie socio-politique nigérienne.
Le président Seyni Kountché le charge même d’entretenir les militaires. Bénéficiant de sa position, le richissime marabout devenu homme d’affaires réussit à acheter la fidélité et la
docilité des officiers nigériens. Il croit son heure arrivée. Le 6 octobre 1983, alors que le président Kountché est en visite à Paris, Bonkano décide de devenir calife à la place du calife.

A la tête d’une tentative de putsch rocambolesque contre son grand ami, il fait arrêter le chef d’Etat-major des armées Ali Saïbou et de nombreux officiers non alliés à sa cause.
Le coup de force ne se passe pas exactement comme prévu car Ibrahim Baré Mainassara, dernier rempart militaire du régime n’a pas pu être mis aux arrêts.


Avec des officiers loyalistes, Baré organise la riposte militaire, réussit à neutraliser les
putschistes et libère les officiers arrêtés par ceux-ci.
Devant l’échec de son entreprise, Bonkano prend la fuite et quitte le pays sans être inquiété par les services de sécurité. Une fois de plus, la chance aura été avec Bonkano, « le chanceux ».
Celui-ci entame un long exil à la fois africain et européen jalonné de péripéties. Il regagne le
Niger en 1990 dans le cadre de la conférence nationale au cours de laquelle il résume ainsi ses années d’exil : « La vie c’est comme la chasse ; un jour on est chasseur, un autre jour on est le gibier ».

La terre est sale ! Si è ne Mvit !

Arol KETCH – 28.04.2023
Rat des archives

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