Au début des années 60, la Guerre froide est à son paroxysme. Les Etats-Unis et l’Union Soviétique s’affrontent vigoureusement sur tous les plans afin de faire étalage de leur puissance.
Cet affrontement entre les deux blocs se matérialise à travers la conquête spatiale qui est aussi un enjeu politique majeur. Les Etats-Unis et l’URSS veulent envoyer chacun le premier homme sur la Lune. En 1961, le Soviétique Youri Gagarine a été le premier homme à être envoyé dans l’espace.
Refusant de s’aligner derrière ces deux supergrands, certains pays veulent aussi proposer de nouvelles initiatives. En 1964, la Rhodésie du nord, ex-colonie britannique d’Afrique australe obtient son indépendance et devient la République de Zambie.
Un professeur de science et de religion zambien fait une annonce fracassante qui va susciter l’hilarité des médias occidentaux, très prompts à cette époque-là à considérer les africains comme des sous-hommes. Le Professeur Edward Makuka Nkoloso annonce qu’il va battre les Soviétiques et les Américains dans la course à l’espace et se prépare à la conquête de Mars. Les médias occidentaux considèrent Nkolosso comme un savant fou et le tourne en dérision. Mais il faut bien plus que ça pour décourager notre savant zambien.
En 1964, Nkoloso élabore un programme spatial ambitieux qu’il baptise “Afronautes”. Il prend sa mission avec beaucoup de sérieux et d’aplomb. Il conçoit un camp d’entraînement près de la capitale, Lusaka. Il sélectionne douze volontaires. Son équipage est composé des jeunes hommes et d’une jeune fille de 17 ans. Une dizaine de chats font aussi partie de l’expérience. « Nous allons partir sur Mars, avec une femme astronaute, un chat et un missionnaire », déclarait-il au Lusaka Times en 1964.
Nkolosso fixe la date de lancement au jour de la cérémonie de célébration de l’Indépendance de son pays. Symbole pour accompagner l’envol du pays vers l’indépendance et la liberté.
Nkolosso utilise les moyens de bord pour préparer ses “Afronautes” au voyage dans l’espace. Il les initient à l’apesanteur avec un système de balançoires. Ils utilisent des tonneaux pour simuler les turbulences d’une fusée. Nkolosso leur apprend à marcher sur les mains seul moyen de se déplacer dit-il dans l’espace. Il leur donne aussi des cours d’astrologie. Nkolosso construit avec les moyens rudimentaires deux fusées en aluminium et en cuivre pouvant accueillir dix “Afronautes”.
Pour réaliser son projet, Nkolosso a besoin de financements. Il demande 7 millions de livres sterling à l’Unesco mais il ne percevra rien. Il demandera aussi de l’argent à Israël, aux Etats-Unis et à la Russie; il n’obtiendra rien.
Il sollicite l’appui du gouvernement zambien mais celui-ci ne le soutient pas. Les autorités font interdire le lancement de sa fusée prévu le jour de la fête de l’indépendance du pays arguant que ce serait trop risqué pour la sécurité des gambiens.
Las d’attendre, ce jour fatidique prévu pour le voyage dans l’espace, ses jeunes “Afronautes” vont le quitter pour mener leur vie de jeunes. La fille du groupe tombe enceinte, les autres vont chercher du travail, d’autres se lancent même dans la musique.
Nkolosso se retrouve tout seul. Son programme s’éteint sans donner de résultats concrets.
Il meurt le 4 mars 1989 frustré et déçu.
Près de 60 ans après le rêve fou de Nkolosso, l’Afrique n’a toujours envoyé personne dans l’espace.
Le projet de Nkolosso quoique surréaliste était avant tout idéologique. Pour lui, l’Afrique devait se lancer vers le progrès scientifique et technologique pour asseoir sa domination et s’émanciper des anciens colonisateurs.
Né en 1909, Nkolosso s’est battu pour la libération de son pays et a courageusement affronté l’administration coloniale ce qui lui a valu la prison à plusieurs reprises. Il avait à cœur de prouver la valeur des zambiens face aux colons. Il voulait montrer que les africains pouvaient aussi être les auteurs de grandes réalisations scientifiques et technologiques. D’où son projet de conquête spatiale. Pour le discréditer, les occidentaux vont le faire passer pour un fou.
Nkolosso a réussi à braquer les yeux du monde sur l’Afrique. N’avait t-il pas dit en 1964 au début de son projet spatial : “ la plupart des occidentaux ne savent même pas où nous nous trouvons en Afrique. Maintenant, grâce à mon programme, ils le sauront”.
Arol KETCH – 23.03.2023
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