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Gregor Mac Gregor – l’escroc qui a inventé et vendu un pays imaginaire

Né le 24 décembre 1786, Gregor MacGregor est un un soldat, mercenaire et aventurier écossais. Il  est surtout connu pour avoir inventé et vendu le Poyaïs, un territoire fictif d’Amérique centrale où il prétend régner comme cacique. En effet, de 1822 à 1833, il va tenter d’attirer des investisseurs, des colons britanniques et français à Poyaïs : un pays imaginaire.

Entre 1803 et 1810, Gregor MacGregor est général dans la British Army et participe à la guerre d’indépendance espagnole (1808-1814). Il devient par la suite mercenaire au Venezuela et aux Provinces-Unies de Nouvelle-Grenade au sein de la Légion britannique.

Nous sommes à une époque où Google Maps n’existe pas encore, vous l’avez certainement deviné. 

Après avoir passé une dizaine d’années dans les luttes indépendantistes sud-américaines, où il s’illustre par sa couardise et sa médiocrité, Gregor MacGregor  souhaite se refaire une santé financière.

Il invente de toute pièce un pays imaginaire avec les attributs d’un Etat souverain : une population, un territoire délimité,  une monnaie, une devise, un gouvernement. Il élabore des mécanismes commerciaux et bancaires, et dessine même des uniformes distinctifs pour chaque régiment de l’armée poyaisienne. Sur le papier, le Poyaïs est un territoire de 30.000 kilomètres carrés.

Il crée même les emblèmes du pays, un drapeau et un blason composé de deux licornes. Il se fait passer pour le cacique du pays baptisé “Poyaïs”. “Cazique” est  un mot hispano-américain désignant un chef indigène. MacGregor prétend avoir été nommé ainsi par le roi des Mosquitos. En effet, ce territoire était occupé par les “Mosquitos”, un peuple de descendants d’esclaves africains.

Pour rendre crédible son histoire, MacGregor publie dans un journal anglais les actions fictives de son gouvernement. Il compose et fait chanter des chansons à la gloire de son pays. Il réalise et distribue des brochures publicitaires célébrant le “Poyaïs” , un pays paradisiaque. Ce pays est présenté comme une terre fertile aux rivières remplies de poissons et aux forêts foisonnantes.

Plusieurs investisseurs vont mordre à l’hameçon et acheter des centaines d’actions, espérant un retour rapide sur investissement. Gregor Mac Gregor va même faire signer au nom de son pseudo-gouvernement en recherche de main d’œuvre plusieurs contrats de travail avec des européens séduits par la perspective de vivre et de travailler au Poyaïs.

Le jour prévu pour le grand voyage au Poyaïs, au total trois bateaux sont affrétés pour transporter les investisseurs ayant acheté un bout de terre au Poyaïs et les travailleurs rêvant de vivre et travailler dans ce pays imaginaire.

Lorsqu’ils débarquent sur la côte de l’actuel Honduras censé être une partie du Poyaïs, ils vont déchanter. Tout ce qui leur a été vanté est faux. 

A la place d’un territoire paradisiaque, ultra développé à la terre fertile, ils découvrent un territoire à l’état sauvage avec pour seules habitations des cabanes en bambou. Il est impossible de cultiver quoi que ce soit, le territoire est inhabitable. La nature y est particulièrement hostile, le climat rude. Il y sévit une chaleur et une humidité extrême. Il n ‘y fait pas bon vivre. Bon nombre parmi eux ( plus de 180  personnes)  mourront terrassés par le paludisme, la famine, la chaleur. Moins de 50 d’entre eux sont retournés en Grande-Bretagne.

Fait surprenant, après avoir découvert la supercherie de Gregor McGregor, aucun des survivants n’a dénoncé l’arnaqueur. Ils se sont mués en un silence coupable;  mieux: complice.  

MacGregor parvient à fuir vers la France. Mais une fois en France, il tente de renouveler son arnaque. Il rédige une constitution de  la République de Poyais et tente de vendre des terres aux colons français. Mais les colons français ne sont pas dupes. Ils mènent leur enquête et découvrent que ce pays n’existe pas.

A travers son arnaque, MacGregor a engendré de nombreux morts et été l’une des causes principales du crash de la Bourse de Londres de 1825.

S’inventer un pays, c’est déjà osé. Le vendre, c’est surréaliste mais s’en sortir après une telle arnaque, c’est héroïque.

Gregor McGregor est mort le 4 décembre 1845 à Caracas au Vénézuela.

Arol KETCH  – 25.05.2022

Rat des archives

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Une réflexion sur “Gregor Mac Gregor – l’escroc qui a inventé et vendu un pays imaginaire

  • Blaise NGUIMO

    Très intéressant.
    Bonjour Monsieur, je ne vous suis que depuis un peu plus d’un an, et pourtant j’en ai appris au travers de vos articles.
    Beaucoup de courage.

    Répondre

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