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Mikhail Popkov – le pire tueur en série de Russie

Il est vraisemblablement l’un des pires tueurs en série de l’Histoire. Un véritable monstre froid. Il a sévi pendant près de 20 ans entre 1992 et 2010, tuant plus de 80 femmes. Un bilan macabre pour ce papa modèle le jour, qui une fois la nuit tombée se transformait en un redoutable assassin, semant la mort à tout vent sur son passage. Il tuait exclusivement les femmes parce qu’il soupçonnait sa femme de le tromper !

La brutalité, la violence de ses meurtres lui vaudront les surnoms de “ loup garou” ou encore « maniaque d’Angarsk ». En effet, il a tué des femmes avec des couteaux, des haches, des machettes, des marteaux, des battes de baseball et des tournevis. Les corps étaient à chaque fois mutilés, déchiquetés et dépecés. Une véritable boucherie !
Il a longtemps sévi à Angarsk; une ville au sud de la Sibérie aux encablures de la frontière avec la Mongolie. Popkov se décrivait comme un « nettoyeur » purgeant sa ville de ses prostituées.

Mikhail Popkov

Octobre 1992, après une soirée bien arrosée entre amis, Yelena, une jeune mère de famille rentre chez elle à pied. On ne la reverra plus jamais. Elle a croisé le chemin du “loup garou”.
La corps de Yéléna est découvert inerte le lendemain matin dans une forêt à moitié nu, le crâne défoncé. La victime a reçu des coups de marteau à la tête. Aussi, elle a été violée.

Au fil des semaines, les découvertes macabres s’enchaînent. Une adolescente de 16 ans est retrouvée assassinée dans un cimetière, elle aussi à moitié nue. Le corps d’une jeune fille de 14 ans est retrouvé abandonné dans un chantier. Le corps d’une autre fille de 20 ans est retrouvé jeté dans une tranchée.
A l’hiver 1992, plusieurs dépouilles de femmes mutilées sont retrouvées sur les bords de la rivière gelée Angara. Des cadavres de femmes charcutés sont également retrouvés abandonnés le long de la route M53.

A chaque fois, Mikhail Popkov est passé par là.

Mais qui est ce Mikhail Popkov ? Comment a-t-il pu commettre autant de crimes sans être arrêté?

Mikhail Popkov est né le 7 mars 1964 à Norilsk dans l’ex URSS. Il a été élevé par ses grands-parents, ses parents étant partis travailler à Angarsk. C’est à l’âge de 5 ans qu’il rejoint son père, sa mère et sa sœur cadette. Popkov a grandi sans amour maternel. C’est un enfant en manque d’amour et de reconnaissance.

Il épouse la bien nommée Elena Popkova et a une fille prénommée Ekaterina. Son mariage est un détail important pour la suite de l’histoire. Car, on dira que le fait d’avoir été un mari cocufié aurait accentué sa folie meurtrière. Ses victimes étaient toutes des femmes âgées de 16 à 40 ans, à l’exception d’un homme, un policier.

Popkov travaillait comme policier dans la région d’Irkoutsk. C’était un officier auxiliaire sans grande responsabilité; même s’il aurait pu aspirer à un grade beaucoup plus élevé que celui qu’il occupait. Ses collègues ne tarissent pas d’éloges à son égard.
C’est un papa ordinaire qui mène une vie de famille normale, parfaite.
Mais la réalité est tout autre; cet homme en manque d’amour et d’affection cache enfoui en lui un ressenti profond; il soupçonne sa femme, Elena de le tromper. Ce sera le déclic de sa folie meurtrière. Il va développer une haine viscérale des femmes.

Mikhail Popkov et sa femme

Le procédé de Mikhaïl Popkov est généralement le même. Il sévit dans la nuit. Au volant de sa voiture de patrouille ( une Lada Niva), il propose à des femmes, de préférence seules et alcoolisées, de les raccompagner. Ces dernières se sentent en confiance dans la mesure où elles savent qu’elles ont affaire à un policier; elles lui font entièrement confiance. D’autant plus qu’il se montre très souriant, charmant et aimable.
Il entame alors une discussion avec sa passagère et en fonction des réponses de celle-ci; il décide de son sort. Toutes celles qui sont montées dans son véhicule n’ont pas perdu la vie.
De manière générale, il préfère assassiner les passagères qui se montrent craintives; celles- là qui ont peur; qui ne lui font pas confiance. Celà l’excite dira t-il.

Il va expliquer plus tard : “ Ma passagère devait se comporter de telle manière qu’elle se moque complètement de l’endroit où nous allions. Si elle ne me provoquait pas, qu’il n’y avait pas de préjugés de sa part ou d’attitude négative, je la ramenais chez elle et je lui demandais son numéro de téléphone si nous avions sympathisé. »

Une fois qu’il a jeté son dévolu sur une cible, il la massacre et abandonne le corps charcuté, le plus souvent, le long de l’autoroute M53 qui relie Irkoutsk à Novossibirsk.

Après chaque meurtre, il gagne en confiance. Il se sent intouchable. En bon policier, il sait effacer les preuves, brouiller les pistes. Il revient souvent sur le lieu de ses crimes pour couvrir ses traces. En plus, il est très méticuleux et a accès aux dossiers des enquêtes sur les crimes qu’il a commis. Son poste au sein de la police lui permet d’officier sans créer la suspicion. En 2000, il est retourné à l’endroit où il a laissé les corps de Maria Lizhina, 35 ans, et Liliya Pashkovskaya, 37 ans, pour récupérer son badge de policier oublié sur place la veille. Parvenu sur les lieux, l’une des femmes respirait encore; il va l’achever à coup de pelle.

Malgré des enquêtes approfondies et des témoignages de victimes survivantes, Popkov a échappé à la police pendant deux décennies.
Les années 1997, 1998 et 1999 seront particulièrement sanglantes. Popkov développe en ces années-là, un désir irrésistible de tuer. Il assassine parfois ses victimes deux par deux.
Seules deux femmes ont survécu à ses attaques. Leurs témoignages seront déterminants pour l’arrestation du Serial Killer.

Dans la nuit du 27 au 28 janvier 1998, Svetlana, 17 ans, rate le dernier tram pour rentrer chez elle; elle décide de rentrer à pied. Il est environ 21 heures, lorsqu’elle est abordée par Mikhaïl Popkov qui lui propose de la déposer. Il lui explique qu’il est policier.
La jeune femme commence à paniquer quand la voiture passe devant chez elle sans s’arrêter. Popkov immobilise son véhicule près d’un bosquet et commence à frapper sa passagère. Elle hurle si fort que son agresseur prend la fuite. Svetlana est secourue par un groupe de jeunes qui finissent par la laisser seule. Lorsqu’elle reprend son chemin, le “loup garou” se jette à nouveau sur elle. Il la cogne contre un arbre et la laisse pour morte.
La jeune femme se réveille le lendemain en culotte, grelottante. La première chose qu’elle aperçoit est un pied gris avec une étiquette, un cadavre. Elle vient de se réveiller à la morgue. On pensait qu’elle avait cessé de respirer et qu’elle était morte.

Elle est plusieurs fois entendue sous hypnose. Son témoignage va permettre d’esquisser les traits du tueur en série; l’agresseur est un policier. Il n’est pas question de laisser prospérer ses déclarations qui pourraient jeter le discrédit sur la police. Il faut dorénavant gérer cette affaire le plus discrètement possible.

Les enquêteurs vont découvrir sur les scènes du crime des traces d’une Lada 4 × 4, un véhicule tout-terrain utilisé par les forces de l’ordre. Il est désormais clair et prouvé que le criminel est un policier.
A l’automne 1998, Nikolaï Kitaev, adjoint du procureur général d’Irkoutsk, ville importante de Sibérie orientale, est envoyé à Angarsk et reprend cette enquête qui piétine depuis six ans. Une enquête bâclée. Nikolaï Kitaev est le premier à supposer que la région a peut-être affaire à un tueur en série. Une liste de sept policiers suspects dans laquelle figure Mikhaïl Popkov est établie. Ils sont mis hors état de cause.
Nikolaï Kitaev dresse le portrait du suspect recherché; lequel portrait est saisissant avec le recul : un homme de type caucasien qui connaît parfaitement la région, il se déplace notamment dans sa propre voiture pour repérer ses victimes, des femmes qui sont des proies faciles dès lors qu’elles ont consommé de l’alcool où sont seules, il serait né entre 1960 et 1969, il pourrait s’agit d’un mari trompé, ce serait un policier.
Un an après son arrivée, Nikolaï Kitaev qui avait vu juste est brusquement démis. Mikhaïl Popkov peut poursuivre son entreprise criminelle et sa folie meurtière. Il continue à tuer pendant de nombreuses années en toute impunité.

En 2002, l’enquête est reprise en main par une équipe du comité d’enquêtes, l’équivalent russe du FBI. Malgré les embûches rencontrées sur le terrain et le manque de coopération des autorités locales, le colonel Sergueï Derzhavin en charge de l’enquête réussit à identifier l’empreinte génétique du tueur en série grâce aux traces d’ADN récupérées sur le corps de trois victimes.

En 2002, Popkov est viré de la police en raison d’une bavure; il a frappé à coup de cross un homme ivre en pleine rue. Le tueur en série devient agent de sécurité pour une entreprise de pétrochimie de la région puis il se reconvertit dans le commerce des véhicules.
Il commet moins de meurtres. La rumeur court même qu’il serait mort, emportant avec lui les mystères sur ces meurtres. Il a en réalité élargi son rayon d’action et sévit dans un champ plus large.
Artyom Dubynin, qui dirige à partir de 2009 le comité d’enquêtes, récupère l’affaire et continue le travail de ses prédécesseurs. De 30 000 suspects, on passe à 3 500.

Popkov derrière les barreaux


On décide de réaliser des tests d’ADN sur 3500 policiers actuels et anciens ce qui va faciliter la capture du tueur en série. La liste des suspects est réduite à 600 noms classés par ordre alphabétique. Et dès 2010, les suspects sont convoqués pour des tests ADN selon l’ordre alphabétique.
En mars 2012, c’est au tour de Popkov d’être convoqué pour les tests ADN. Il se présente et demande à la fonctionnaire qui s’apprête à effectuer le prélèvement de salives : « Et si je refuse ? »  » Vous seriez naturellement considéré comme suspect », rétorque-t-elle. L’homme s’exécute. Deux semaines plus tard, les résultats tombent : l’ADN de Mikhaïl Popkov correspond à 100% aux traces ADN retrouvées sur les scènes de crime. Notamment sur un préservatif.
Le 29 juin 2012, il est arrêté à la descente d’un train à Vladivostok. « Si j’avais eu l’argent, je serais allé me planquer en Australie », lance-t-il aux policiers.

Il avoue 22 premiers crimes, pour lesquels il est condamné à la perpétuité en 2015.
3 ans plus tard, il reconnaît 59 homicides supplémentaires. Le 10 décembre 2018, après un procès devant le tribunal régional d’Irkoutsk en Sibérie, il est condamné à une deuxième peine d’emprisonnement à perpétuité. En juillet 2020, Popkov a avoué deux autres meurtres, portant le nombre total de victimes admises à 83.

Avec un tel bilan macabre, le nombre de ses victimes est supérieur à celui des plus grands tueurs en série russes Andrei Chikatilo ( 53 victimes) et Alexander Pichushkin (48 victimes).

On se pose néanmoins une question. S’il a tué toutes ces femmes parce qu’il soupçonnait sa femme de le tromper, pourquoi n’a t-il pas assassiné cette dernière?

Il explique que c’est pour sa fille qu’il n’a pas tué sa femme, car il ne voulait pas en faire une orpheline. “Quand je me réveillais le matin, je m’assurais que je n’avais pas étranglé ma femme” va t-il affirmer.

Malgré la monstruosité de ses crimes, Mikhaïl Popkov ne souffre pas de trouble mental. Les spécialistes ont démontré qu’il est parfaitement normal. Ils sont formels.
Les enquêteurs le suspectent d’avoir tué au moins 200 personnes.

Arol KETCH était de passage.

Arol KETCH – 09.05.2022
Rat des archives

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