Hannibal, l’aïeul de Pouchkine le plus grand poète russe était noir !

C’est l’histoire du plus grand ingénieur russe du 18ème siècle. Il est premier Noir à servir comme général en chef de l’armée russe. L’un des plus brillants mathématiciens et théoriciens de la guerre de ce siècle-là.
Arraché de sa terre natale dans le nord du Cameroun dans le Logone près du Lac Tchad, il sera envoyé à l’âge de 7 ans en tant qu’esclave à Constantinople en Russie. En effet, il a été capturé par le sultan Abd El Kader de Baguirmi puis vendu à des marchands d’esclaves. Il était le fils d’un roi local dans le Nord Cameroun.
Il y est acheté clandestinement pour le compte de Pierre le Grand. Ils sont en réalité 3 jeunes esclaves (dont 2 frères) kidnappés et envoyés en Russie. Hannibal devient le filleul du Tsar Pierre Ier auprès de qui il fut élevé. Hannibal est baptisé le 13 juillet 1705 à l’église Saint-Paraskeva de Vilnius,Bien qu’il porte désormais le nom de Piotr Petrov Petrovitch, il continue à se faire appeler Abraham ; nom qui lui fut donné lors du périple le conduisant en Russie. Ce nom lui rappelait son premier prénom africain Broua.

Le jeune garçon se révèle très intelligent, il apprend très vite le russe et de 1705 à 1717, il devient secrétaire de nuit personnel du tsar, chargé de noter les pensées du souverain lorsque celui-ci se réveille la nuit.
Devenu le secrétaire de l’empereur, il se fait remarquer par ses aptitudes intellectuelles. Il est même envoyé en France en 1717 afin d’y poursuivre son éducation dans les domaines des arts, des sciences et de la guerre. Il apprend plusieurs langues et révèle de grandes dispositions dans les mathématiques, notamment en géométrie.

Son éducation terminée, il décide de rentrer en Russie en 1723 muni de son diplôme d’ingénieur du roi et son grade de capitaine de l’armée française. Il réoccupe son poste son secrétaire personnel du Tsar et supervise les chantiers de forteresses militaires. A la mort du Tsar en 1725, il s’exile en en Sibérie. Mais ses qualités d’ingénieur militaire rompu aux techniques de guerre lui vaudront un retour en grâce.
A l’accession au trône d’Elisabeth Petrovna au trône, il devient un personnage éminemment influent à la cour. Il est élevé au grade de major-général puis devient gouverneur de Tallinn. Il est anobli par l’impératrice Elisabeth qui lui offre un vaste domaine dans la province de Pskov.
En 1759, il est nommé général en chef d’armée ce qui le place au troisième rang de la hiérarchie militaire et civile. Il va se révéler comme un grand humaniste. Il passe beaucoup de temps à améliorer le sort des pauvres gens, il aménage des hôpitaux pour les ouvriers, il propose la construction de la première université russe.

Hannibal termine sa carrière comme général en chef dans l’armée impériale. Mathématicien, ingénieur militaire, Abraham Hannibal, ou Abram Petrovitch Hannibal, fut le premier Noir à servir comme général en chef de l’armée russe. Il est le plus grand ingénieur russe du 18ème siècle, il a été chef du corps des ingénieurs et directeur technique de l’armée impériale russe. Il est le meilleur mathématicien de la Russie. A l’âge de 30 ans, il avait rédigé deux ouvrages remarquables de 700 pages en deux tome 2 : Géométrie pratique et fortification. Il s’agit des tous premiers ouvrages de ce genre en Russie.
Sa trajectoire extraordinaire est amplifiée par celle de son arrière-petit-fils, le plus grand poète russe Alexandre Pouchkine. Le père de la littérature russe. Pouchkine s’intéressait beaucoup à Hannibal son arrière-grand-père au point d’interroger longuement son grand oncle à son sujet. Il va même lui consacrer en 1817 un roman ; le premier roman historique russe malheureusement inachevé (Le nègre de Pierre Le grand).
L’écrivain Béninois Dieudonné Gnammankou a produit un excellent ouvrage sur son parcours. Livre à lire absolument. « Abraham Hanibal, l’aïeul noir de Pouchkine, Paris : Présence Africaine, 1996 »
Arol KETCH – 01.03.2022

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