Mourir d’aimer : Quand une enseignante tombe amoureuse de son élève !

En juillet 2019, une enseignante avait été condamnée à 20 ans de prison aux Etats-Unis pour avoir eu des relations sexuelles à de multiples reprises avec l’un de ses élèves mineur, âgé de 13 ans. L’enseignante avait reconnu avoir eu des rapports sexuels avec l’adolescent dans sa voiture ainsi que dans sa salle de classe. Cette enseignante était âgée de 28 ans et mariée. En 2019, une enseignante-assistante dans un lycée américain de Lewisburg (Pennsylvanie) avait reconnu lors de son procès, avoir eu des relations sexuelles avec deux adolescents, deux frères âgés de 15 et 17 ans. Elle disait avoir offert une relation sexuelle à son élève pour l’anniversaire de celui-ci, invitant par la même occasion le frère cadet à se joindre à eux.


Plus récemment encore aux Etats-Unis encore, c’est une autre enseignante âgée de 33 ans qui a eu des relations sexuelles avec son ancien élève âgé de 15 ans.
Des cas similaires sont de plus en plus récurrents dans le monde.
Peut-il avoir une relation amoureuse entre un élève mineur et son enseignante ?
Emmanuel Macron n’a-t-il pas épousé sa professeure de Français ? Emmanuel Macron et Brigitte ont commencé leur relation alors que Macron avait 16 ans et Brigitte 40 ans.
Tout ceci m’amène à vous raconter une histoire qui a marqué les esprits pendant l’ambiance surchauffée de Mai 68 en France. Une belle histoire d’amour qui va très mal se terminer.
Nous sommes en 1968, à Marseille en France ; Gabrielle Russier, professeure de français, tombe follement amoureuse de l’un de ses élèves, Christian Rossi, âgé de 16 ans au début de la relation. C’est l’amour fou entre les deux ; ils ne se quittent plus. Christian fugue tous les soirs pour être auprès de celle qu’il aime profondément.
Mais, en réalité, c’est un amour interdit. Gabrielle Russier, divorcée et mère de 2 enfants est âgée de 32 ans et Christian Rossi a à peine 17 ans au plus fort de la mremation(relation qui va durer de la classe de seconde à la classe de première). En réalité, Christian fait plus vieux que son âge. Il a 17 ans, mais en fait 27 avec sa barbe d’hirsute, sa carrure.


Christian aussi, est fou amoureux de sa professeure comme il confiera des années plus tard au Nouvel Observateur : « Ce n’était pas du tout une passion. C’était de l’amour. La passion, ce n’est pas lucide. Or, c’était lucide ».
Lorsque les parents de Christian découvrent la relation, ils décident de menacer Christian et sa professeure, mais cela ne changera rien ; ils sont amoureux et ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre. Christian fugue et va s’installer chez Gabrielle. Finalement, une assistante sociale ira le déloger chez Gabrielle pour l’amener devant un juge pour enfant. On décide de l’envoyer dans un internat pour l’éloigner de Gabrielle. C’est mal connaitre le pouvoir de l’amour ; les deux tourtereaux trouveront des stratagèmes pour se voir au point de fuguer en amoureux en Allemagne et en Italie.
Christian a disparu, il est introuvable, seule Gabrielle sait là où, il se trouve mais elle refuse dévoiler la cachette du garçon qu’elle aime plus que tout. En novembre 1968, les parents de Christian portent plainte contre sa professeure pour « détournement de mineur ». Gabrielle Russier est emprisonnée cinq jours aux Baumettes, puis huit semaines en avril 1969. On finit par retrouver Christian le fugitif et on l’interne dans une clinique psychiatrique. On lui fait subir une cure de sommeil pendant 2 mois dans l’optique de le faire capituler. Mais son amour pour Gabrielle est plus fort que tout. Il réussit à s’échapper pour aller rencontrer celle qu’il aime éperdument.
Le procès de Gabrielle se tient à huis clos en juillet 1969 et l’enseignante agrégée de lettres est condamnée à douze mois de prison et 500 francs d’amende. L’éducation nationale ne veut plus d’elle. Elle n’a plus des moyens pour s’occuper de ses deux enfants qu’elle élève seule ; elle n’a plus le moral ; elle est brisée ; elle sombre dans la dépression. En effet, lorsque l’idylle entre les deux tourtereaux avait été découverte, la justice et l’éducation nationale avaient décidé de briser Gabrielle.
Le 1er septembre, Gabrielle, effondrée et calomniée, se suicide chez elle en ouvrant le gaz après avoir confié son chat à son voisin. Notons qu’elle avait fait précédemment plusieurs autres tentatives de suicide.
Sa mort a profondément indigné et divisé la France à tel point que même le Président de la République, Pompidou fraichement élu fut appelé à se prononcer sur ce décès : « Comprenne qui voudra. Moi, mon remords, ce fut la victime raisonnable au regard d’enfant perdu, celle qui ressemble aux morts qui sont morts pour être aimés. » déclara le Président.
Cette histoire a inspiré de nombreuses œuvres artistiques comme le film d’André Cayatte, Mourir d’aimer (1971), la chanson de Charles Aznavour, Mourir d’aimer (1971), celle de Serge Reggiani, « Gabrielle » ou encore le téléfilm de Josée Dayan, Mourir d’aimer (2009).
En 1974, Christian Rossi sort enfin du silence et livre un témoignage bouleversant ; c’est sa seule et unique interview sur cette affaire : « Les deux ans de souvenirs qu’elle m’a laissés, elle me les a laissés à moi, je n’ai pas à les raconter. Je les sens. Je les ai vécus, moi seul. Le reste, les gens le savent : c’est une femme qui s’appelait Gabrielle Russier. On s’aimait, on l’a mise en prison, elle s’est tuée. C’est simple ».
Christian a refait sa vie aujourd’hui et il n’a plus jamais reparlé de cette affaire.
Dans sa chanson « Mourir d’aimer » consacrée à cette affaire, Aznavour dit notamment ceci :
« Puisque notre amour ne peut vivre
Mieux vaut en refermer le livre
Et plutôt que de le brûler
Mourir d’aimer
Partir en redressant la tête
Sortir vainqueur d’une défaite
Renverser toutes les données… »
En 2017, après la victoire d’Emmanuel Macron, l’auteur et éditeur Jean-Marc Savoye a écrit un article dans Libération pour expliquer que cette élection était « La Revanche de Gabrielle ». En effet, comme Christian, Emmanuel Macron était amoureux de sa Prof de français qui était plus âgée que lui ; à la seule différence que Christian et Gabrielle n’ont pas pu vivre leur amour. Un amour interdit ; et Gabrielle en est morte : « Mourir d’aimer ».
Arol KETCH –14.02.2022

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