Nelson Mandela, le guérillero
Nelson Mandela, le guérillero
Nelson Mandela est souvent présenté comme un modèle dans la lutte pacifique contre l’oppresseur, mais on oublie souvent de mentionner qu’à un moment donné de sa vie, il a porté fièrement la tenue du guérillero.
Après le massacre de Shaperville de 1960 où 69 manifestants sont tués, « Madiba » abandonne la stratégie de la non-violence et fonde à partir de juin 1961, l’Umkhonto we Sizwe (littéralement la « Lance de la nation »), branche militaire prônant l’action armée. Il endosse la tenue du guérillero, apprend le maniement des explosifs, du pistolet-mitrailleur et mène des campagnes de sabotage contre des installations publiques et militaires.
Il explique que, dans les luttes pour la justice, « c’est toujours l’oppresseur qui détermine les méthodes d’action… S’il use de la force brute contre les aspirations populaires légitimes, s’il refuse tout dialogue significatif et de bonne foi, la meilleure méthode en toutes circonstances, parce que les conflits sont toujours mieux résolus par le cerveau que par le sang, alors les opprimés n’ont d’autre choix que de recourir eux aussi à la force. »
A partir de juin 1962, il effectue une tournée clandestine dans une douzaine de pays d’Afrique, dont l’Algérie, la Tanzanie, le Ghana, la Tunisie, le Maroc et l’Ethiopie. En Algérie, il s’entraine aux côtés du Front de Libération National de l’Algérie ( FLN).
« Madiba » est arrêté dès son retour clandestin sur dénonciation de la CIA. Il est incarcéré le 5 août 1962 et condamné à cinq ans de prison. Il est rejugé en 1963, car on aurait trouvé dans une ferme de Rivonia des documents le compromettant.
Le 20 avril 1964 au cours d’un procès retentissant d’injustice, « Madiba » se défend brillamment quatre heures durant : «J’ai dédié ma vie à la lutte pour le peuple africain. J’ai combattu la domination blanche et j’ai combattu la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tous les hommes vivraient en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal que j’espère atteindre et pour lequel j’espère vivre. Mais s’il le faut, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir.»
Le 18 juin 1964, la sentence tombe raide comme un couperet : Mandela est condamné à la prison à vie. Il passe 27 ans de sa vie derrière les barreaux et est libéré le 11 février 1990. Il refuse d’abhorrer l’habit du messie et déclare lors de son tout premier discours : « Je ne suis pas un messie, mais un homme comme les autres, devenu dirigeant par un extraordinaire concours de circonstances. »
Nelson Mandela qui est aujourd’hui l’incarnation du pacifisme était jadis considéré comme un terroriste.
La France de De Gaulle et de Valéry Giscard D’Estaing coopérait avec le régime raciste de l’apartheid alors que Mandela croupissait en prison, en même temps Amnesty International refusait de le défendre, Israël travaillait en étroite collaboration avec le régime raciste de l’apartheid et le soutenait financièrement, les Etats Unis de Ronald Reagan et la Grande Bretagne de Margareth Thatcher le considérait comme un « terroriste ».
En 1987, la dame de fer qualifiait l’ANC d’ « organisation terroriste typique » et assurait que : « Quiconque pense que l’ANC gouvernera en Afrique du Sud n’a pas les pieds sur terre ».
« Nelson Mandela devrait être fusillé » avait osé le député britannique Teddy Taylor en 1980. Ronald Reagan avait même utilisé son droit de veto pour tenter d’empêcher des sanctions contre le régime de l’apartheid.
Jusqu’en 2008, Nelson Mandela était encore considéré comme un « terroriste » par les Etats-Unis. Ce n’est qu’en juin 2008, après une proposition de loi signée par l’ancien président George W. Bush, que l’ANC a été retirée des organisations terroristes.
Arol KETCH – 07.01.2022
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