Petite pensée aujourd’hui pour un patriote unique : Le combattant André Blaise Essama
André Blaise Essama est un modèle de patriotisme, de bravoure , de détermination et de constance. C’est l’histoire d’un combattant qui se bat pour détruire les monuments en hommage aux colons pour ériger à la place des monuments à la gloire des nationalistes camerounais et africains. L’engagement d’André Blaise Essama , remonte à plusieurs années.
André Blaise Essama est né le 28 avril 1976. Il est le fils de Afana Marguerite et de Dieudonné Donfack. Il fait ses études primaires à Bafoussam mais sera amené à se déplacer dans plusieurs villes du Cameroun ( Foumbot, Maroua, Garoua, Nkongsamba, Douala) du fait de la profession de son père qui est banquier et ouvre des agences bancaires un peu partout.
Essama a étudié au CES d’Akwa puis au lycée de New-Bell; ensuite au lycée technique de Douala Koumassi. En 1993, il est nanti d’un baccalauréat G3 en marketing. Il va par la suite poursuivre des études en informatique en France.Essama a été touché par le régime qui gouverne les camerounais à un haut point.
C’est l’histoire d’un jeune garçon qui après de brillantes études en France avait des projets innovants pour son pays mais malheureusement, il a été déçu et persécuté.
Essama met les pieds en prison pour la toute première fois en 1999 accusé de violation du domicile du président de la République, Paul BIYA. Fraîchement diplômé après de brillantes études en France, il était rentré au Cameroun avec plein de projets, des propositions concrètes pour apporter sa pierre à la construction de l’édifice Cameroun. Après avoir envoyé plusieurs courriers sans réponse à la Présidence de la République, il va décider de se rendre à Yaoundé dans l’optique de s’y rendre.
Par un concours de circonstance, il réussit à rencontrer par la première dame Chantal Biya qui lui remet sa carte de visite et lui donne rendez-vous à Meyomessala dans le Sud du Cameroun où le couple présidentiel possède une résidence. Tout fier et zélé, Essama se rend à Meyomessala pour rencontrer la première dame et lui exposer son projet en 5 axes dont l’un sur la création du site internet de sa fondation.
Lorsqu’il débarque à Meyomessala, le pauvre Essama est arrêté pour usurpation de titre; en effet son nom “ Essama” est un nom bulu alors qu’il n’est pas bulu. On va lui parler le bulu mais il ne connaît pas un traître mot de cette langue. On va donc l’accuser d’usurpation d’identité.
Il est arrêté, tabassé et envoyé au SED ( Secrétariat d’Etat à la Défense).
Ce fut le premier véritable choc de sa vie; un véritable traumatisme. Il va passer près d’un an de prison pour avoir voulu servir son pays et tous ses effets seront confisqués.
Ses bourreaux vont profiter pour plagier les projets qui figuraient dans son ordinateur; notamment celui sur la création d’un site internet pour la fondation Chantal BIYA ( fcb.cm). Essama est traumatisé; il ne comprend pas ce qui lui arrive. Il croyait pourtant avoir répondu à l’appel du Président de la République qui avait demandé aux fils de la nation de rentrer servir le pays.
A sa sortie de prison, Essama décide malgré les mises en garde de ses parents de repartir à Yaoundé pour dénoncer l’injustice dont il a été victime et réclamer ses effets confisqués des années plus tôt; il est de nouveau arrêté et enfermé pendant 6 mois. Nous sommes là en 2003. Ce jeune homme qui avait des projets pour son pays a été abusé, persécuté et traumatisé. Il en garde encore les stigmates physiques et psychiques aujourd’hui.
Malgré tout, il ne baisse pas les bras; il veut servir son pays. En 2008, il rencontre le premier ministre Inoni Ephraim pour lui présenter en tant qu’informaticien un projet de toilettage du fichier électoral au Cameroun. A sa sortie du premier ministère, Essama est arrêté; on l’accuse d’être l’un des instigateurs des émeutes de la faim. Son matériel est confisqué et il est de nouveau incarcéré au SED.
Lorsqu’il sort de prison, il devient viscéralement opposé au régime qui gouverne les camerounais et le persécute. Il va faire parler de lui en 2009 en faisant fouetter une effigie du Président Paul Biya dans plusieurs carrefours de la ville de Douala.
Très peu de personnes le savent mais André Blaise Essama est l’un des tout premiers cyber communicateurs au Cameroun. Il a réalisé plusieurs travaux pour les émissions afro digital , net plus ultra sur RFI. Dans le cadre de ces émissions, Il arpentait les rues de Douala au Cameroun, caméra au poing et filmant tout ce qu’il jugeait pertinent.
André Blaise Essama a consolidé sa fibre nationaliste dès le début des années 2000 auprès du militant anticolonialiste et père des villes mortes Mboua Massock. Il a beaucoup appris auprès de ce dernier. Le combat que ces deux hommes mènent depuis des années en faveur de la mémoire des figures de notre Histoire est à saluer d’autant plus qu’ils ont été plusieurs fois injustement arrêtés pour ce combat noble.
En plus de 20 années de militantisme, André Blaise Essama a été arrêté plus de 80 fois. Il a même parfois passé jusqu’à six mois en prison et a été sommé de payer plusieurs millions de francs CFA d’amendes pour avoir arraché la tête du monument dédié au Maréchal Leclerc qu’il qualifie d’imposteur. Essama a été incarcéré plusieurs fois pour destruction de biens publics.
En 2015 par exemple, il a écopé de trois mois de prison ferme et d’une amende de 150 000 F CFA pour avoir décapité le monument du général Leclerc à Douala et renversé la statue du soldat inconnu de Bonanjo. En 2016, il retourne en prison pour les mêmes motifs.
Son dernier long séjour en prison c’était en 2019. C’est à cause de lui que les statues du maréchal Leclerc et du soldat inconnu sont désormais gardées et protégées par des barrières. A chaque fois qu’il a endommagé la statue du général Leclerc, les autorités camerounaises l’ont restaurée.
Notons aussi que Essama a à son actif près d’une soixantaine de gardes à vue et une demi douzaine de séjours dans les services psychiatriques des hôpitaux Jamot de Yaoundé et Laquintinie de Douala.André Blaise Essama se bat pour faire remplacer les monuments et noms de rues en hommage aux colonisateurs par des monuments et noms de rues en hommage aux héros nationaux et africains. Essama se concentre aussi sur la collecte de fonds pour construire des statues de héros camerounais qu’il souhaite ériger. Son combat commence à porter des fruits. La rue Franqueville devient la rue du Dr Marcel Bebey Eyidi, la rue Pau a été renommée en hommage du Dr Ernest Betote; une rue a même été nommée en hommage au nationaliste Ruben Um Nyobé; malheureusement la stèle en hommage à ce héros national a été détruite par des chefs locaux.
Andre Blaise Essama est le héros d’une bande dessinée réalisée en Allemagne grâce à l’entremise de vaillants camerounais.
André Blaise Essama est nominé aux Panafricans Awards; votez pour lui.
https://panafricansawards.com/nominated/categorie/1ec459cc-728a-6ba8-a481-ef2acb876ee2/activiste-socioculturel
Arol KETCH – 29.11.2021
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