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John List, l’homme qui a tué toute sa famille et a refait sa vie

L’affaire de Dupont de Ligonnès a considérablement marqué la France jusqu’à ce jour. C’est l’histoire d’un quintuple meurtre non élucidé survenu à Nantes en France.
Entre le 3 et 6 Avril 2011, Xavier Dupont de Ligonnès un brave père de famille sans histoires va tuer froidement cinq membres de sa famille ; son épouse, Agnès, et ses quatre enfants Arthur, Thomas, Anne et Benoît. Après son crime crapuleux, il va prendre la fuite. Il est introuvable jusqu’à ce jour. Xavier Dupont de Ligonnès est aperçu en vie pour la dernière fois le 15 avril 2011 à Roquebrune-sur-Argens.
Il est fort possible que Dupont de Ligonnès se soit inspiré d’un autre criminel ; un certain John List. En effet, Xavier Dupont de Ligonnès était en voyage aux Etats-Unis lorsque l’affaire « John List » refait surface aux Etats-Unis.
Qui est John List ?
Pour faire simple, John List est un américain qui a tué sa femme, ses trois enfants et sa mère. Il va refaire sa vie et échapper aux forces de l’ordre pendant 18 ans.
Son histoire est celle d’un père de famille sans histoires, un bon père de famille, bon croyant à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession. Et pourtant, il va préparer méticuleusement l’élimination de toute sa famille et disparaître. Il a si bien planifié ses crimes que ce sera après un mois qu’on découvrira le massacre.
John List est un comptable très discret qui mène une vie assez tranquille avec sa famille. Il est très croyant, il va régulièrement à la messe avec sa famille. En réalité, John List est endetté jusqu’au cou. A l’époque, il est directeur adjoint d’une banque au New Jersey ; il contracte plusieurs prêts bancaires et même de l’argent à sa mère. C’est son épouse qui l’a encouragé à contracter ses prêts pour acheter la plus belle maison de la ville.
John List perd subitement son emploi ; il a dorénavant du mal à joindre les deux bouts et croule sous le poids des dettes. Il cumule des petits boulots temporaires et moins prestigieux de comptable. Personnage très fier et digne, il ne confie ses déboires à personne, même pas à sa mère, sa femme ou ses enfants. Personne ne sait qu’il a perdu son emploi et qu’il peine à trouver un autre emploi fixe. Peu à peu, il n’arrive plus à subvenir aux besoins de sa famille et à rembourser ses nombreuses dettes. Il n’arrive même plus à décrocher les petits boulots.
Chaque matin, il se lève et dit à sa famille qu’il se rend au travail alors qu’en réalité, il fait des aller et retour dans le train et flâne dans les rues jusqu’au soir. Luthérien convaincu, il assimile la pauvreté à une honte, mieux à une déchéance. Il va tout faire pour sauver les apparences auprès de sa famille et de son entourage ; il va même ponctionner les dernières économies de sa mère.
Pour éviter ce qu’il considère comme une déchéance sociale, une honte à sa famille ; il décide de planifier l’assassinat de sa famille. Il a à cœur de sauver les apparences. Il a pensé au suicide mais chez les luthériens, le suicide conduit tout droit en enfer.
Il va planifier méthodiquement son meurtre. Il va informer l’école des enfants que la famille va partir en voyage, il annule son abonnement au livreur de lait, il arrête la livraison du courrier et va vider le peu d’argent qui restait dans le compte bancaire de sa mère. Il s’achète une arme.
Le 9 novembre 1971, il abat froidement son épouse de plusieurs balles dans la cuisine. Puis, il monte à l’étage et abat sa mère avec la même froideur. Il attend calmement le retour de deux de ses enfants et les abat froidement. Il nettoie méticuleusement la scène du crime ; il se prépare même à manger.
Il part assister au match de football de son dernier fils, qu’il tue également à leur retour à la maison avec une très grande violence cette fois-ci. En effet, contrairement aux autres, ce fils a mis du temps à mourir. Son père va s’acharner sur son corps en tirant une dizaine de fois sur lui. Il aura donc tué : sa mère Alma, 84 ans ; sa femme Helen, 45 ans ; et leurs trois enfants, Patricia, 16 ans, John Jr., 15 ans et Frederick, 13 ans.
L’assassin va dîner paisiblement chez lui malgré la présence des corps et se coucher. Le lendemain, matin, il laisse une lettre de 5 pages pour son pasteur et prend la fuite. Dans la lettre qu’il laisse, on peut lire ceci : « Je suis sûr qu’ils sont montés au paradis maintenant ».
Il quitte la ville et refait sa vie dans une autre ville. Il dit à qui veut le savoir qu’il est un veuf sans enfants. Il affirme que sa femme était une alcoolique morte des suites d’un cancer. John List se crée une nouvelle identité et se remarie. Il parle peu lorsqu’on lui pose des questions sur son passé. Il s’investit au sein de l’église luthérienne de sa nouvelle ville au point d’être considéré par le pasteur comme étant un pilier de l’église.
Son affaire sera un cold case ; pendant 18 ans la police n’aura aucune piste.


C’est en regardant son émission préférée à la télévision qu’il verra sa vie chambouler. Il s’agit de l’émission « America’s Most Wanted » qui demande l’aide et les témoignages des téléspectateurs pour résoudre des affaires criminelles. Ce jour-là, c’est son affaire qui est à l’ordre du jour. Nous sommes le 21 mai 1989 et l’affaire John List est au centre de cette émission diffusée sur FOX ; des photos d’époque sont diffusées. Et ce qui fait sensation, c’est un buste.
En effet, la police a fait appel à Frank Bender, un spécialiste dont la spécialité est de reconstituer l’apparence faciale, soit de morts à partir du squelette, soit de fugitifs dont on avait perdu la trace, d’après de vieilles photos. Dans le cas de John List, il n’y avait pas de vieilles photos, car ce dernier avait fait tout disparaitre avant de s’enfuir. À la place, Frank Bender utilisa des photos des parents de John List, pour établir à quoi il pourrait ressembler en vieillissant.
Grâce à ces informations, Frank Bender va réaliser un buste en argile qui était censé représenter John List 18 ans après sa disparition. Ce buste est présenté sans grand espoir par la police aux téléspectateurs de « America’s most wanted ». Ce soir-là, 22 millions de téléspectateurs regardent l’émission. Une téléspectatrice de Midlothian, en Virginie va téléphoner pour dire que le buste présenté ressemble comme deux gouttes d’eau au mari de sa meilleur amie, un certain Robert Clark, qui habite depuis plusieurs années à côté de chez eux.
Elle donne l’adresse du couple ; quelques jours plus tard, le FBI débarque chez les « Clark ». Robert Clark dément avec aplomb être John List ; mais ses empreintes digitales vont le confondre. Il est arrêté et inculpé de cinq meurtres. Malgré toutes les preuves accablantes contre lui, il va nier les faits pendant 6 mois jusqu’au procès.
Il est condamné à la prison à 5 fois la prison à perpétuité ; une fois pour chaque personne assassinée. A l’annonce du verdict, la salle applaudit.
Des années plus tard à l’âge de 77 ans, il donne une interview à la télévision américaine dans l’émission « American Justice » ; il dit notamment ceci : « Je pense que j’irai au ciel ; je ne sais pas qu’elle sera ma situation au ciel. Ils se souviendront certainement de ce que je leur ai fait ; mais au ciel, nous nous pardonnerons les uns les autres pour tout le mal que nous nous sommes faits ».
John List va mourir en prison, le 21 mars 2008, près de quarante ans après le meurtre de sa famille.
Arol KETCH – 04.11.2021
Fourmi Magnan égarée

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