Rubin Carter alias «Hurricane»

C’est l’histoire d’un boxeur qui avait passé près de vingt ans en prison pour un triple meurtre dont il avait été ensuite innocenté.
Un petit matin de juin 1966, dans la ville de Paterson (New Jersey), trois Blancs, le patron et deux employés du Lafayette Bar, une taverne locale, sont tués par balles par deux Noirs qui s’enfuient en voiture. Quelques instants après, non loin de là, le boxeur Rubin Carter, 29 ans, est au volant de sa Dodge blanche en compagnie d’amis lorsque la police lui demande de se garer sur le côté.
Here comes the story of the Hurricane (Voici l’histoire de Hurricane), chantera en 1975 Bob Dylan dans un protest song ravageur de onze couplets. Had no idea what kinda shit was about to go down (Il n’avait aucune idée de la merde qui allait lui tomber dessus).
A part leur couleur de peau, Rubin Carter et son ami arrêté avec lui, John Artis, ne correspondent en rien aux signalements des témoins du drame et sont vite libérés. Trois mois plus tard, ils sont de nouveau arrêtés, sur la base du témoignage de deux petits malfrats locaux, Bello et Bradley, qui, ayant commis un cambriolage le même jour à côté du bar, soutiennent les avoir vus s’enfuir l’arme au poing.
Les deux malfrats, encouragés par la police, resteront les seuls à les identifier, jouant un rôle-clé dans leur condamnation en 1967, par un jury entièrement blanc, à la prison à vie. John Artis détenu quinze ans, refusera toujours de prononcer les paroles qui étaient attendues de lui contre son coaccusé et restera l’ami de Rubin Carter jusqu’à la mort de celui-ci.


La condamnation de Carter sera confirmée en 1976 lors d’un deuxième procès précédé d’une éphémère libération de neuf mois, et tout aussi soigneusement préparé par les autorités locales que le premier. Il fera en tout dix-neuf ans de prison, avant d’être innocenté en 1985 par un juge fédéral. En 1988, enfin, la Cour suprême des Etats-Unis rejettera un pourvoi en cassation de l’Etat du New Jersey.
Bob Dylan avait écrit sa chanson Hurricane après avoir lu l’autobiographie de Carter, Le Seizième Round (The Sixteenth Round, éd. Chicago Review Press, 2011), publiée en 1974 alors que celui-ci était en détention, et après lui avoir rendu visite en prison.
Le même livre incite, au début des années 1980, un jeune avocat noir canadien, Lesra Martin, à s’investir dans un combat judiciaire acharné pour la libération de Carter. L’histoire a également inspiré le réalisateur Norman Jewison, dont le film Hurricane Carter, sorti en 1999, a cependant été critiqué pour avoir minoré le passé de petit délinquant de son héros.
Incorporé en 1954 dans les troupes en Allemagne, c’est là qu’il apprend la boxe, si bien qu’il devient champion de l’armée dans les super-légers. Il entame aussitôt une fulgurante carrière de boxeur professionnel dans la catégorie des mi-moyens. Sur 40 combats, il totalisera 27 victoires, dont 20 par K-O.
Devenu bien malgré lui une icône internationale de l’erreur judiciaire sur fond de racisme, l’ancien boxeur américain Rubin Carter, surnommé « Hurricane » («l’ouragan») est mort d’un cancer de la prostate le 20 avril 2014 dans sa patrie d’adoption à Toronto (Canada), à l’âge de 76 ans.
Arol KETCH – 26.04.2021
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