« Que celui qui me tue ne reste pas mourir »
C’est l’assassin de Patrice Lumumba. C’est à lui que la CIA et les forces belges ont remis Lumumba pour qu’il réalise la sale besogne. En effet Lumumba et ses complices sont livrés gouvernement katangais de Moïse Tshombe le 17 janvier 1961. Il meurt le même soir, entre 21 h 40 et 21 h 43 d’après le rapport d’enquête belge.
Voici le récit de l’assassinat de Lumumba ; le 17 janvier 1961 Patrice Lumumba, Maurice Mpolo et Joseph Okito sont conduits par avion à Élisabethville au Katanga et livrés aux autorités locales. Pendant le vol, lui et ses deux partisans furent battus si brutalement que le pilote se plaignit du fait que l’avion risquait de s’écraser. A 16h50, le DC 4 qui transporte les prisonniers atterrit sur l’aéroport d’Elisabethville.
Sortis de l’avion, ils sont méconnaissables. Malgré leurs états, les prisonniers sont frappés à coups de cross puis jetés dans une jeep où ils se feront marcher dessus par des soldats. Ils seront conduits dans une petite maison sous escorte militaire où ils seront ligotés et humiliés par les responsables katangais parmi lesquels Moïse Tshombé, Munongo Kimba, Kibwe, Kitenge mais aussi les Belges Gat et Vercheure. Vers 21h ils sont conduits dans la forêt, ils s’arrêtent dans une région marécageuse, bordée d’une savane boisée. Ils seront fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d’un officier belge.
La mort de Lumumba déclenche d’importantes manifestations dans le monde entier. Les manifestants protestent contre cet assassinat lâche et crapuleux.
Tschombé considérait Lumumba comme son pire ennemi. En effet, juillet 1960, Tshombe et la confédération des associations tribales du Katanga (CONAKAT) déclarent unilatéralement la sécession de la riche province du Katanga du reste du Congo. Face à cette velléité sécessionniste, Patrice Lumumba sollicite l’intervention des Nations unies pour empêcher la sécession de son pays. Tschombé ne lui pardonnera jamais cela.
En 1963, le Katanga est repris par les forces des Nations unies et Moïse Tshombe est contraint à l’exil en Rhodésie du Nord (actuelle Zambie) et plus tard en Espagne. En 1964, il est de retour au Congo et occupe le poste de Premier ministre du gouvernement de coalition. L’assassin de Lumumba va même à l’occasion de son retour s’incliner devant un Monument dédié à Lumumba. Accusé de trahison par Joseph Mobutu, Tshombe prend de nouveau la fuite pour l’Espagne en 1966 les poches pleines.
En Juin 1967, un investisseur européen au nom de Francis Bodenan prend contact avec Tschombé et lui propose d’être à la tête immense projet immobilier entre l’Afrique et l’Europe. Tschombé toujours avide billets de banque est séduit. Pour fêter cela, Francis Bodenan propose à Tschombé de faire ensemble une excursion à Ibiza au sein d’un avion de tourisme. L’ambiance est bonne, Tschombé amoureux de bons vins déguste les crûs du terroir. Soudain, Francis Bodenan sort son arme à feu et menace l’équipage : « Que Personne ne bouge ! Cap sur Alger ».
L’ avion de tourisme dans lequel Tshombé se trouve est détourné en Algérie. Tshombe y est emprisonné. Tout le monde est fait prisonnier et conduit dans un camp militaire. Rapidement tout le monde est libéré sauf Tshombé et Bodenan. Moïse Tshombe est désormais le prisonnier de Houari Boumédiène. Plusieurs pays africains n’avaient pas digéré la mort de Lumumba et avait juré le venger. La presse algérienne exulte à l’arrestation du « traître Tshombe, Assassin de Lumumba ».
En effet, l’Algérie était à cette époque le sanctuaire des révolutionnaires ; elle accueillait et formait les révolutionnaires des tous les pays africains au point où Amilcar Cabral, le père de l’indépendance de la Guinée Bissau et du Cap-vert affirmera : « Les chrétiens vont au Vatican, les musulmans vont à la Mecque et les révolutionnaires vont à Alger ».
Moïse Tshombe décède en prison en 1969. Ses partisans parlent d’assassinat politique. Il est enterré en Belgique.
Arol Ketch – 19.04.2021
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