KIMPA VITA LA JEANNE D’ARC AFRICAINE
KIMPA VITA LA JEANNE D’ARC AFRICAINE ( texte écrit il y a 10 ans)
Kimpa Vita, appelée Dona Beatrice après son baptême était une prêtresse et une prophétesse congolaise. Sa vie éphémère peut être rapprochée à celle de Jeanne d’Arc « la Pucelle d’Orléans ». Comme elle, Kimpa Vita a été brûlée vive sur un bûcher. Diabolisée, traitée de faussaire, de démoniaque, d’intrigante, de semeuse de troubles, d’ennemie du roi, et d’hérésiarque, elle fut condamnée et brûlée vive avec son compagnon et leur bébé.
LA JEANNE D’ARC AFRICAINE
Kimpa Vita est née vers 1684 dans le royaume kongo, au nord de la région du Matamba après la destruction de la capitale Mbanza Kongo (Sao Salvador). Avant d’être baptisée du nom de Béatrice, elle fut prêtresse du culte païen de Marinda. A l’approche de ses vingt ans, alors qu’elle était terrassée par la maladie, elle eut une vision et entendit comme Jeanne d’Arc une voix, celle de Saint-Antoine, envoyé de Dieu. Il lui demandait de prêcher l’unité du royaume et la restauration de sa grandeur, de conduire le peuple et de relever les ruines de la capitale. (Il faut savoir qu’au début du dix-huitième siècle, le royaume kongo était déchiré par une guerre civile)
En 1703-1704, Dona Béatrice entreprit, sur le plan politique, une campagne pour le retour dans la capitale du Mani Kongo, le Roi Pedro IV. Elle appela au rétablissement de l’unité du royaume et à la restauration de Sao Salvador. Elle ne souhaitait pas que son peuple dépende des puissances coloniales, en proie à l’anarchie, au pillage et au dépeuplement de la population kongo par la traite des noirs. Elle annonçait l’avènement des temps nouveaux et le retour à l’âge d’or du royaume kongo.
Sur le plan religieux, Kimpa élabore un dogme et un enseignement purificateur luttant contre le désordre moral, les objets de superstitions et les fétiches. Kimpa Vita développe toute une théologie qui faisait du Kongo la Terre sainte. Chaque Vendredi, elle vivait la Passion du Christ, avant de « ressusciter » le Samedi. Elle prônait l’austérité morale et une société sans mal. Elle mit en place une Eglise, et disposait de messagers consacrés entièrement à son service qui portaient sa parole de village en village dans chaque province, et faisaient des disciples, « les Antoniens ». Kimpa invectivait les missionnaires Capucins italiens qui monopolisaient la Révélation, et poussa au boycot des sacrements qu’ils administraient : plus de baptême, plus de confession, plus de mariage.
Pour les missionnaires qui n’apprécient pas les enseignements et les idées de Kimpa , ces « Antoniens » menacent la foi: Il faut les éliminer.
UNE FEMME CHARISMATIQUE
Kimpa Vita se distinguait par la portée de son enseignement et surtout par son charisme exceptionnel.
Elle avait une grande autorité et exerçait de l’ascendant sur ses fidèles qui la vénéraient comme une sainte. Elle avait une grande influence sur les notables et une grande partie de l’entourage du roi. On lui attribuait des prodiges et des miracles. Chaque vendredi, elle priait dans le secret de sa retraite. La rumeur se répandit qu’elle conversait avec Dieu, la Vierge Marie et les Saints.
Ses prédications obtinrent un assez grand succès auprès des nobles bakongo qui lui remettaient les insignes royaux, comme du menu peuple, qu’elle soulevait contre les missionnaires.
Condamnée à mort et Brulée vive à 22 ans
Voyant son influence gagner du terrain,les missionnaires décidèrent de l’éliminer. En effet, elle avait acquis un prestige qui menaçait celui du roi et des missionnaires. Diabolisée, traitée de faussaire, de démoniaque, d’intrigante, de semeuse de troubles, d’ennemie du roi, et d’hérésiarque, elle fût arrêtée, jugée par le Conseil Royal des Capucins italiens et condamnée avec Barro son compagnon et leur bébé à être brûlés au bûcher dans la ville d’Evolulu.
Un bûcher fut préparé pour « l’hérétique ». La prêtresse, son bébé, et son compagnon furent conduits sur le tas de bois et leurs corps furent environnés de flammes. Elle mourut le dimanche 4 juillet 1706 à l’âge de 22 ans avec courage, dignité et avec le nom de Jésus à la bouche.
Malgré sa mort, la jeune Kimpa a mis l’espérance dans le cœur de son peuple. Ses adeptes, connus sous le nom d’ Antononiens, affirmeront qu’une belle étoile est apparue sur le lieu du sacrifice et ils ont continué à transmettre son message .L’ « antonionisme »,ou « secte des Antoniens »,lui a survécu jusqu’au 18ieme siècle en entretenant son souvenir et en annonçant les résistances messianiques qui s’élèveront contre la domination coloniale au XXe siècle ( Matswanisme et Kibanguie). Quant à l’histoire de Kimpa Vita elle fut consignée dans les écrits des missionnaires portugais qui en furent témoins.
Martyr pour la liberté, la lutte anticoloniale et l’indépendance de son peuple, Kimpa Vita a été béatifiée en 1909 et canonisée par le vatican en 1920. Elle a été le sujet de nombreux ouvrages.
Arol KETCH ( texte écrit en 2010 [ il y a 10 ans aujourd’hui])
Fourmi Magnan égarée