Bessie Coleman, première femme pilote noire
Née en 1892 à Atlanta Bessie Coleman est la dixième d’une fratrie de treize enfants. Susan, sa mère, est noire. Georges, son père est métis : un grand-parent noir et trois grands-parents indiens.
Bessie aura une enfance très difficile. Elle va subir la discrimination raciale dès le bas-âge. Bessie est travailleuse et malgré le racisme, elle est déterminée à réussir. Elle tente poursuivre ses études supérieures à la Colored Agricultural and Normal University, mais faute de moyens financiers, elle est contrainte d’y renoncer et travaille comme blanchisseuse. Elle rejoint ensuite son frère Walter à Chicago et trouve un emploi de manucure.
En 1914 se déclare la première guerre mondiale, les Etats-Unis entrent en guerre aux Côtés des alliés. Walter, le frère de Bessie est incorporé dans l’US Army et participe aux combats. A son retour de la guerre, il raconte à sa sœur les exploits des pilotes de chasse, dont ceux d’un certain d’Eugène Bullard, personnage très respecté, premier pilote afro-américain. Bessie tombe immédiatement sous le charme de ce personnage qui apparaît à ses yeux comme un modèle.
Elle se passionne aussitôt pour l’aviation et rêve en secret devenir pilote. Malheureusement, ses rêves se heurtent au système ségrégationniste en place au Etats-Unis. Bessie est meurtrie et blessée dans sa chair. Elle a besoin de parler à quelqu’un. Elle va confier ses déceptions et frustrations à Robert Abott, un riche afro-américain habitué du salon de manucure dans lequel elle travaille. Alors qu’elle lui polit les ongles, elle va tout lui raconter. Il se sent toucher et conseille à Bessie d’aller apprendre à piloter en France où ‘’les Noirs américains sont cordialement reçus et traités comme toute autre personne’’.
Il va financer le voyage et la formation de Bessie. Elle débarque en France en fin 1920, après sept mois de formation dans une école de pilotage en Picardie, Bessie obtient la licence de pilote de la Fédération aéronautique internationale, devenant ainsi la première femme noire et la première afro-américaine pilote d’avion. Elle était la seule femme de sa promotion de douze élèves, la seule noire, mais aussi la meilleure et la plus appliquée.
Elle retourne aux Etats-Unis en septembre 1921 et est accueillie avec ovations. Toute la presse salue son courage et sa réussite. Elle devient un phénomène médiatique et participe à de nombreux spectacles aériens.
Mais, elle n’a qu’un but : ouvrir une école de pilotage pour les Noirs américains : ‘’Ma grande ambition est de faire de la Case de l’oncle Tom, un hangar en créant une école d’aviation’’. Elle décide de se rendre de nouveau en Europe pour se former à la voltige. De retour aux Etats-Unis, elle se bat pour récolter des fonds afin de réaliser son projet d’école d’aviation pour les noirs américains. Elle est soutenue dans ce projet par des militants des droits civiques.
Pour rassembler des fonds, elle donne des conférences, fait de la publicité, se produit dans des shows aériens. Malheureusement, elle ne verra pas son rêve se réaliser. Le 27 avril 1926, elle meurt tragiquement dans le crash de l’avion Curtiss qu’elle avait enfin réussi à acheter. Souhaitant dans le cadre d’un spectacle observer le terrain depuis les airs, elle ne prend pas la peine de s’attacher. À la suite d’une vrille, elle est éjectée de l’appareil et s’écrase au sol. Elle n’avait que 33 ans.
Son corps est transféré à Chicago où plus de 10 000 personnes viennent se recueillir devant son cercueil.
Son rêve se réalisa un peu plus tard. En 1928, le lieutenant William J. Powell fonde la Bessie Coleman Flying School à Los Angeles. Depuis 1931, des pilotes afro-américains survole chaque année le cimetière dans lequel elle a été inhumé en répandant des fleurs sur sa tombe.
Son nom a été donné à des rues et lieux publics à Waxahachie, Atlanta et Chicago. Depuis 1992, le 2 mai est déclaré Bessy Coleman Day à Chicago. La poste américaine a émis un timbre lui rendant hommage en 1995. En 2006, elle entre au National Aviation Hall of Fame.
Bessie Coleman restera à jamais un modèle d’émancipation et de lutte contre la discrimination raciale.
En 2020, les auteurs de bande dessinée Alain Henriet et Yann publient Night Hawk, premier tome d’une nouvelle série de bande dessinée inspirée de Bessie Coleman, intitulée Black Squaw.
Arol KET CH
Fourmi Magnan égarée