Pierre Nkurunziza
L’ancien Président burundais Pierre Nkurunziza est décédé le 8 juin dernier. Revenons sur son parcours
Pierre Nkurunziza était un homme politique Burundais. Ancien rebelle au sein du Conseil national pour la défense de la démocratie Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), il a été ministre de la bonne gouvernance et de l’inspection générale de l’Etat sous le gouvernement de transition de Domitien Ndayizeye.
Il est élu Président de la République en 2005 et réélu juin 2010. Son surnom de « Black panther », il le doit à son intérêt très vif pour les mouvements d’émancipation des Noirs américains. Pierre Nkurunziza est aussi connu sous le surnom de « Commandant », surnom qu’il a reçu lorsqu’il était étudiant pendant les « baptêmes universitaires » visant à intégrer les nouveaux étudiants. En effet, Pierre Nkurunziza avait été désigné par le comité de suivi des étudiants, pour être le « commandant » des nouveaux étudiants qui allaient être intégrés tout au long du « baptême ».
A la tête de la rébellion, il était surnommé « umuhuza » ce qui signifie le « rassembleur » pour avoir réussi à contenir les tensions et les clivages internes au sein des FDD (Forces pour la défense de la démocratie).
En 2015, Pierre Nkurunziza décide de briguer un troisième mandat à la présidence de la République. Cette candidature est fortement décriée par la société civile burundaise ainsi que par les partis politiques qui la qualifie d’anticonstitutionnel. En effet, l’article 96 de la constitution burundaise limite l’exercice du pouvoir exécutif à dix ans : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. »
Des manifestations organisées par l’opposition et la société civile sont sévèrement réprimées laissant plus de 80 morts sur le carreau. Le 13 mai 2015, en déplacement pour un sommet à Dar es Salaam sur la situation de crise qui prévaut dans son pays, Nkurunziza est victime d’une tentative de putsch. Le putsch est déjoué et la répression sévère contre l’opposition et les manifestants est intensifiée. A l’issue d’un scrutin électoral controversé et contesté, Nkurunziza est élu le 24 juillet 2015 président du Burundi pour une 3ème fois.
Le 28 juillet 2015, à l’occasion de son discours au siège de l’union africaine à Addis Abéba, épilogue d’une tournée au Kenya, pays de naissance de son père et en Ethiopie, Barack Obama a pris l’exemple de Pierre Pierre Nkurunziza dont le pays a vécu une grave crise lorsque ce dernier de faire entorse à la constitution pour briguer un troisième mandat : « Je dois être honnête avec vous. Je ne comprends pas cette attitude. Je suis dans mon second mandat.
Cela a été un extraordinaire privilège pour moi de servir en tant que président des Etats Unis, mais notre Constitution dit que je ne peux concourir pour un troisième mandat. Lorsqu’un dirigeant essaie de changer les règles du jeu en cours de route pour rester au pouvoir cela risque de créer de l’instabilité et des conflits, comme on l’a vu au Burundi. Et c’est souvent le premier pas vers la paralysie. Parfois, on entend un chef d’Etat qui dit : je suis le seul à pouvoir empêcher cette nation d’éclater. Si c’est vrai, cela signifie qu’il a échoué à construire une véritable nation […] Je ne comprends pas pourquoi certains veulent rester si longtemps au pouvoir. Surtout quand ils ont beaucoup d’argent ».
Le 7 juin 2018, il annonce qu’il ne brigue pas de quatrième mandat, et qu’il soutiendrait en 2020 le futur président élu.
Le 26 janvier 2020, le CNDD-FDD choisit Évariste Ndayishimiye comme candidat à l’élection présidentielle de 2020 pour succéder à Nkurunziza. Il est élu Président de la République avec 68,72 % des voix.
Pierre Nkurunziza meurt le 8 juin 2020 à la suite d’un arrêt cardiaque.
Extrait complété de mon livre « Surnoms des hommes et femmes qui ont marqué l’Histoire contemporaine de l’Afrique ».
Livre disponible ici : https://amzn.to/37GdclD
Arol KETCH – 10.06.2020
Fourmi Magnan égarée